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21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 17:55

 A la Réunion tout le monde connait le trio Goulette-Marchesseau et Bourgeois qui en 1929 relièrent pour la première fois Le Bourget à la Réunion via Madagascar à bord du Farman 192. Le capitaine Marcel Goulette en était le propriétaire, l'adjudant-chef René Marchesseau le pilote et le sergent-chef Jean Michel Bourgeois le mécanicien. L'atterrissage de l' « avion Goulette  » sur un champ de cannes sommairement aménagé de la propriété Gillot à Sainte-Marie fut un événement extraordinaire dont bien peu restent aujourd'hui pour s'en souvenir. Or je viens de dégotter une anecdote concernant Marchesseau. Il était né en 1897 en Charente et il servit dans l'Artillerie au début de la première guerre mondiale avant de se faire affecter dans l'aviation. Après guerre, pilote chevronné et passionné, il chercha à s'employer dans la branche aviation et ainsi devait rencontrer Marcel Goulette qui l'intégra aussitôt dans son petit équipage en vue de réaliser le fameux vol sur la Réunion. Après celui-ci, Marchesseau alla s'installer au Pouliguen et c'est là qu'il découvrit une opportunité : le transport des sardines. En effet, les pêcheurs de la Turballe se plaignaient d'un manque de débouché, le coût élevé du transport et l'absence de conserverie les obligeait souvent à rejeter à la mer les sardines invendues. Marchesseau avait vite fait son compte : estimant à 30.000 le nombre de sardines, soit une tonne, qu'un appareil pouvait transporter, il proposa aux pêcheurs d'acheminer sur Paris les sardines fraiches et ainsi, sans intermédiaire, il se faisait fort d'être plus concurrentiel que le chemin de fer. Ainsi créa-t'il la Compagnie Nantaise de Navigation Aérienne (C.N.N.A.) qui pouvait offrir aux pêcheurs un débouché comparable à celui d'une grande usine. Un aérodrome sommaire fut aménagé à la Turballe mais entre temps c'est d'Escoublac que décollait pour le Bourget le premier Latécoère de 450cv, ancien appareil de l'Aéropostale, avec ses 30.000 petites passagères. Les poissons étaient aussitôt mis en vente à la criée. L'affaire marchait si bien que deux autres avions vinrent rapidement grossir la « flotte » de la petite Compagnie Nantaise qui, à sa liaison sur Paris avait rajouté celle du Mans. Elle finit par compter jusqu'à cinq appareils desservant plusieurs grandes villes de province. Malheureusement une grève prolongée des raffineries de pétrole cloua les avions au sol et la CNNA ne devait pas s'en relever. Les Allemands retrouvèrent parait-il les épaves des appareils près de la base sous marine de Saint Nazaire.

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12 mars 2010 5 12 /03 /mars /2010 09:37

Beaucoup avait oublié que le premier à écrire en créole réunionnais fût un « zoreil », Louis HÉRY, originaire de l'Ille et Vilaine. Eh oui ! La Réunion s'appelait encore île Bourbon quand il y débarqua en 1820, à 19 ans, pour prendre la direction d'une propriété et d'une usine sucrières appartenant à des cousines au quartier de la Montagne, Saint Denis. Mais peu qualifié pour la fonction, il ne tarda pas à changer d'aiguillage pour s'orienter vers l'enseignement devenant professeur au Collège royal. Il se rendit en France pour y préparer le diplôme de bachelier ès lettres puis revint à Bourbon. Mais comme le métier nourrissait mal son homme à l'époque, il décida de fonder une école privée à Sainte Suzanne, puis à Saint André. Il semble que ce ne fut pas non plus une réussite puisqu'il revint au Collège royal comme professeur de rhétorique et ce jusqu'à sa mort en 1856. Ayant appris le créole au contact des gens et au cours de ses innombrables randonnées pédestres à travers toute l'île, il choisit une voie originale en adaptant des fables de la Fontaine, peut être influencé par le Mauricien François CHRETIEN qui venait de sortir un recueil « essais d'un bobre africain » écrit en créole mauricien. Mais HERY ne s'est pas contenté de les traduire mot pour mot mais les a adaptées, replacées dans le contexte local. Ainsi la cigale et la fourmi devient la fourmi ensemb' grélé (grelet, grillon), le renard et la cigogne devient li chien ensemb' z'aigrette (aigrette au long col elle aussi). De sorte qu'on peut dire qu'il imita, plutôt que copia, notre grand fabuliste qui lui même avait puisé nombre de ses fables chez Ésope tout en faisant œuvre originale. Il dédia son ouvrage « aux dames de Bourbon en hommage à la langue de son pays d'adoption ». Firmin LACPATIA, écrivain réunionnais, vient de rééditer, et pour la première fois, aux Editions Surya, les « Fables créoles et explorations » de Louis HERY tirant ainsi de l'oubli une œuvre modeste sans doute mais qui méritait mieux. Aujourd'hui des intellectuels débattent encore sur la question de savoir si le créole est véritablement une langue régionale et sur la graphie la mieux adaptée pour le traduire. Je me garderai bien de m'en mêler mais j'apprécie beaucoup le créole tel qu'on le parle avec ses expressions imagées et même parfois sa subtilité. Vous trouverez ci-dessous en exemple un extrait de la fourmi ensemb' grélé (la cigale et la fourmi) tel que l'a traduite Louis Héry. Il n'empêche qu'au départ le créole étant un langage essentiellement parlé, la meilleure traduction ou graphie qui soit ne « rendra » jamais toute la saveur du conte ou du récit oral.

Li (le grelet) court la case fourmi ( Il court chez la fourmi) Li cogner rondement (Cogne fort à la porte) 'Tin fourmi crié darrière la porte (Tantine fourmi crie derrière la porte ) Qui çà cogn' là si hardiment ( Qui frappe si fort) Quiqçose pou vend', allez apport'' (Quelque chose à vendre allez montre) Li grélé répond' : moin l'a grand' faim ( Le grelet répond : j'ai très faim) fourmi guett' à li par darrière la sérrire (La fourmi le regarde par le trou de la serrure) Li dit : grélé vous trop malin elle (lui dit : grelet t'es trop malin) Prend' pas moin pour out' couvertire ( Ne me prend pas pour ta couverture) Quouq'vous y fait soir et matin ? (Qu'est-ce que tu fais du soir au matin? ) Dan' l'eau ou mire out' figire ?) Tu te regardes dans l'eau ? (Grélé r'vire : tir' pas out fiçan) Le grelet répond: Te moques pas de moi (Vous sait qu'moin content badinaze) (Tu sais que j'aime m'amuser) Moin t'ai çanté continuellement (J'ai chanté tout le temps) ça mêm' l'était tout' mon' ouvraze (C'était là tout mon travail) En morgrognant fourmi i dit : (en maugréant la fourmi dit) Moin ni don' pas ou èn biçique (Moi je te donne pas un bichique) Si vous tant content la misique (Si t'aime tant la musique) Vous pé bien danse la polka ( Tu peux bien danser la polka)

Il existe plusieurs ouvrages d'auteurs réunionnais sur le créole mais je vous propose plutôt, si vous voulez en savoir un peu plus, de cliquer sur le site ci dessous, plus agréable tout en étant quand même assez complet.

http://pedagogie2.ac-reunion.fr/clglasaline/disciplines/creole/Langcreole.htm

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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 18:14

« 26 Novembre 1929 – 11 Novembre 2009» ... 80 ans entre le premier atterrissage d'un avion sur un champ de cannes sommairement aménagé dépendant de la propriété Gillot à Sainte Marie et celui tout récent de l'Airbus 380 sur le moderne aéroport Roland Garros. C'est aussi l'âge de Gérard ETHEVE, PDG de la compagnie locale AIR AUSTRAL qui récemment était présent au musée de l'air et de l'espace du Bourget aux côtés du ministre des transports devant la reproduction exacte de l'appareil du trio célèbre Goulette-Marchesseau et Bourgeois. Autant dire que Gérard Ethève (ci-dessous)

ETHEVE

 

a tout connu de l'aviation civile à la Réunion et était le mieux qualifié pour en retracer les grandes dates.

1929 : Marcel GOULETTE, ingénieur des Arts et Métiers, propriétaire du Farman F-AJJB, vient de réaliser la première liaison Paris-Saïgon et envisage sérieusement celle de Paris-la Réunion via Madagascar. Le 17 Octobre, équipé d'un moteur Salmson de 230cv, le Farman décolle du Bourget avec à son bord, outre GOULETTE lui même, Jean-Michel BOURGEOIS, mécanicien, et René MARCHESSEAU, capitaine de l'armée de l'Air et pilote. Ils vont survoler la France, l'Espagne, l'Afrique du Nord, le Sahara et d'étapes en étapes rallier Majunga puis Tana le 27 Octobre. C'est alors que Goulette tombe malade et le trio devra attendre le 26 Novembre pour redécoller vers la Réunion qu'ils atteindront à midi, accueillis en héros. Ce n'est que le 1er Décembre que le Farman redécollera vers Paris, voyage de retour qui finira mal ; d'abord une fuite d'essence les oblige à se poser sur l'îlot de Juan de Nova dans le canal du Mozambique où Bourgeois mettra près de deux mois à réparer avant de pouvoir redécoller sur une piste de fortune, repassant par Madagascar avant de remettre le cap sur Paris mais, en plein Sahara, ils doivent effectuer un atterrissage forcé, ils sont sains et saufs mais l'appareil est hors d'usage et ils doivent se résigner à l'abandonner à jamais. Ils seront recueillis par une caravane alors qu'ils étaient proches de l'épuisement. Gérard Ethève est d'ailleurs en possession du carnet de bord de ce vol historique écrit par Jean-Michel Bourgeois.

1936 : 7 ans plus tard, la Réunion verra atterrir son deuxième avion, un Farman 199 Lorraine baptisé Roland Garros. Ce fut aussi la première liaison aéropostale.

1947 : Il aura fallu attendre onze ans, passées les années de guerre, et hormis quelques vols militaires de la France Libre sur Madagascar, pour voir atterrir le premier long courrier, un D.C.4, sur la ligne Paris-Tana-Réunion remplacé en 1954 par le « Constellation » : 30 heures de vol, puis le Super Constellation baptisé « Etoile des îles » : 24 heures de vol. La première venue du Général de Gaulle, en Octobre 1953 à bord d'un « Skymaster » à la fin de sa tournée africaine avait marqué la Réunion qui l'accueillit pour la seconde fois en Juin 1959 à sa descente d'un « Super Starliner » d'Air France.

1967 : premier Boeing 707 d'Air-France. Luc DONAT, ségatier réunionnais, chante à l'époque : « Moin l'était p'tit mi rappelle bien l'avion-goulette ... à c'theure Boeing ... »

1972 : Premier Boeing 747 d'Air France.

1976 : le 20 Octobre, le prestigieux Concorde se pose à Gillot, tout blanc tel un grand aigle des mers avec à son bord le Président de la République Giscard d'Estaing en visite officielle de deux jours. L'évènement se renouvellera dix ans plus tard lors de la venue du Pape Jean Paul II.

2009 : 11 Novembre, atterrissage de l' A380 lors de son vol d'essai. La compagnie de Gérard Ethève, Air Austral en a commandé deux pour 2014 qui devraient être exploités conjointement avec Air-Caraïbes.

Quel parcours !... A cet hommage rendu le 2 Décembre dernier à l'aéroport du Bourget à tous les pionniers d'aviation commerciale de la première moitié du XXème siècle, les Mermoz, Latécoère, Bréguet, St Ex, Goulette-Marchesseau-Bourgeois, etc... participait un cousin du célèbre constructeur Farman. Quant à Gérard Ethève dont la vie a été (et continue d'être à 80 ans) consacrée à l'aviation civile depuis le temps où, jeune homme passionné et premier réunionnais à posséder un brevet de pilote, il donnait des baptêmes de l'air, des cours de pilotage et opérait quelques traversées sur Maurice dans son vieux coucou, écoutons le dans son intervention : « Ils (ces pionniers) ont fait la gloire de l'aéronautique en produisant des appareils capables de porter les ailes françaises loin des frontières de l'Hexagone, à une période où le goût et l'amour du risque galvanisait les hommes. Aujourd'hui on ne parle plus que du principe de précaution. Les temps ont bien changé... »

pour en savoir plus sur Gérard Ethève, allez sur

http://www.gilroy.fr/spip.php?article64


 


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27 février 2009 5 27 /02 /février /2009 13:41

VANILLE (innovation) 
Traditionnellement la vanille était cultivée sous couvert forestier ou sur support végétal (pignons d'Inde).  Plus récemment la culture sous ombrière est apparue sans pour autant se répandre notablement.  Alors que la concurrence de Madagascar et de la Chine constitue un handicap sérieux au développement de cette culture emblématique qualifiée d' "or noir" réunionnais mais dont le prix élevé est opposé à sa qualité "Bourbon" hautement reconnue, un projet de culture sous serre couplée à l'exploitation d'une ferme photo-voltaïque serait peut être la solution pour accroître les exportations en ce domaine, jouant sur l'abaissement significatif du coût de production.  Le promoteur de ce projet est un entrepreneur Saint-Pierrois, Jean Edouard Saint-Lambert, et c'est à Saint Louis (lieu dit Bellevue), en dehors donc de la zone traditionnelle de l'Est, qu'il a choisi de consacrer cinq hectares d'une propriété lui appartenant pour y installer des serres recouvertes de panneaux photo-voltaïques. 40.000 vitro-plants seraient ainsi plantés, devant pousser sur des tuteurs en bois (1m70 environ) dans un mélange de bagasse, de fibres de coco et de lombric-compost (fumier de boeuf après assimilation par les vers) fourni par les éleveurs, de sorte que cette vanille recevrait en plus la garantie 100% "Bio".  Un dispositif assisté par ordinateur permettra de gérer complètement l'installation, de maitriser tous les paramètres de température et d'humidité, l'eau d'arrosage provenant d'eaux usées récupérées.  Deux employés (pour ces cinq hectares) suffiraient à celà mais, si le projet s'avère concluant, d'autres producteurs suivront l'exemple et l'on pourrait ainsi couvrir une cinquantaine d'hectares d'ici trois/quatre ans fournissant une centaine de tonnes de vanille par an essentiellement destinées à l'export, en plus de l'électricité produite et mise sur le réseau EDF. En outre, les périodes de fécondation et de récolte nécessiteront une main d'oeuvre saisonnière qualifiée et une formation spécifique est d'ores et déjà inscrite pour la rentrée prochaine au Lycée agricole de Saint Joseph.  Nous voyons trop souvent l'Information (en général) se mobiliser sur trop de choses négatives pour ne pas mettre en avant cette initiative constructive, si modeste soit-elle au demeurant, mais les petits cours d'eau font les grandes rivières dit-on et puis ... "Pas capab' l'est mort sans essayer"...

et pour rester dans le domaine des productions locales ... un mot sur la passiflore ou "fruit de la Passion" qui, en revanche, connait une grave crise alors que tout allait bien dans ce créneau jusqu'à ces deux dernières années.  La cause : un virus nouveau qu'étudie le CIRAD (centre de recherche et de développement d'arboriculture fruitière) lui même  ayant introduit à la Réunion dans les années 80 la variété "Galéa" (jaune), la plus communément vendue. Ce sont les feuilles de la liane qui sont d'abord attaquées, jaunissant rapidement, les fruits éventuels avortant ou tombant avant maturation, enfin c'est la mort du pied lui même.  La quasi totalité des parcelles de l'île sont atteintes et la production annuelle qui était de l'ordre de plus de 400 tonnes dans ses beaux jours est tombée à - de 100 tonnes en 2008 menaçant de disparaitre totalement si l'on ne trouve rapidement remède à ce virus.  Selon les chercheurs il existait déjà en fait, sous une forme connue mais considérée comme bénigne tant que cette production restait "domestique" et dispersée. Ainsi, nous mêmes avions trois lianes de passiflore dans la cour qui chargeaient peu mais du moins étaient saines.  Or il y a 3/4 ans elles ont crevé et ce serait à peu près à cette époque que les premiers signes de maladie seraient apparus sur certaines plantations.  L'Ile Maurice qui exploitait aussi la "Galéa" a été confrontée un peu avant nous au même problème sans parvenir à trouver la parade et aujourd'hui on n'en trouve plus du tout.  Les agriculteurs   (notamment de l'Est et plus précisément de la région de St Benoit) qui avaient diversifié leurs cultures au profit de la "Galéa" sont aujourd'hui confronté à un gros problème avec une importante baisse de revenu.  Le Cirad espère toutefois pouvoir produire de nouvelles souches saines, plus résistantes, envisageant même une nouvelle méthode de culture, hors sol et sous serre, donc à des coûts plus élevés, mais en attendant ???... Il faudrait aussi regagner la confiance de ceux qui s'étaient lancé dans l'aventure il y a six ans ...

Nota : grenadille poc poc, grenadille sauvage, barbadine (violette), curuba sont autant de variétés de "passiflore" également présentes à la Réunion.

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29 janvier 2009 4 29 /01 /janvier /2009 14:34

Sommaire :
- Val Paradis
- Papillons
- Phéniciens

"Val Paradis"...
(impression de lectures) Selon Platon il y avait trois sortes d'hommes : les vivants, les morts et les marins ce qui revenait à dire que ces derniers n'appartenaient ni totalement au monde des uns, ni (encore) à celui des autres tant qu'ils naviguaient sur cette immensité liquide vide d'hommes mais, dans ses profondeurs, vaste cimetière de noyés et d'épaves.  Un marin n'est jamais "rentré" en fait, toujours en partance.  Son retour au port d'attache n'est somme toute qu'une escale plus longue, le temps de revoir le pays, la famille, les amis, retrouver le confort des terriens et c'est un nouveau départ... le dernier peut-être ?... ("ô Mort, vieux capitaine !..." Beaudelaire)  A l'époque de la marine à voiles où les traversées étaient longues, où la vie à bord était très dure, cette violence qui chez beaucoup de matelots cherchait à se libérer d'une façon ou d'une autre aux escales pouvait se comprendre.  Ayant franchi des milliers de milles par des mers exécrables ou des calmes plats torrides et usants pour les nerfs, se retrouver sur les eaux plates d'un port du bout du monde c'était le moment de conjurer les fatigues et les peurs par des bordées à tout casser dans les estaminets et boxons de la côte.  Se sentir vivre, ou revivre ... mais avec la mer, maîtresse et marâtre à la fois, toujours là pour vous tenir à distance, ce qu'évoquait justement Platon.  Les marins, des hommes à part.  On a beaucoup parlé aussi de la vertu, de la constance des femmes de marins...  "Homme libre toujours tu chériras la mer ..." (re sic Beaudelaire), entendons nous bien : il n'y a point de liberté à bord d'un navire, c'est même tout le contraire, avec la promiscuité d'autant plus grande que le bateau est petit.  Cette liberté dont parle le poète se situe au niveau de la "démarche" : on décide un beau jour de partir, de couper les amarres, d'aller vers d'autres cieux, découvrir de nouvelles constellations (ce peut être aussi plus prosaïquement pour gagner sa vie) sans qu'il soit question de choisir précisément la mer.  On choisit plutôt son rêve ...  Zone vide d'hommes mais pleine de dangers par delà laquelle se trouve l'ailleurs, voilà qui donne tant d'attrait à la mer. Ses véritables "amoureux" ce sont ces navigateurs qui font les courses autour du monde (pour la compét ou le seul plaisir) avec cette part de défi vis à vis des éléments, se colleter avec eux... mais cette maîtresse là ils savent s'en méfier (et encore ... pas toujours !)
Valparaiso, Montevideo, le canal des deux Amériques ... trois destinations et escales où nous emmène l'auteur : Alain JAUBERT, réminiscences de ses années cinquante où, n'ayant pas vingt ans, il était pilotin à bord de navires de commerce de la CNP.  Devenu journaliste, "Val Paradis" (chez Gallimard) est son premier roman au style enlevé, aux images fortes, qui vous "embarque" littéralement ...

"... En attendant le vent du large
Je vais dans le bal du faubourg
Boire de la bière et de la cachaça
Danser la nuit dormir le jour.

Et puis je chante cette musique
Dans l'espoir que tu l'entendras
de Salvador jusqu'à Recife
Et même au fond du Ceara.

Je suis marin, un peu artiste
J'aime les ports que tu aimas
J'aime l'amour et la musique
Ne sois pas triste on s'reverra. "

(Bernard LAVILLIERS dans "Marin ..." extrait de "carnets de bord")


PAPILLONS ...   J'avais un collègue à EUROCONTROL du nom de Schmidt (prénom ?... Gilbert doit s'en souvenir) qui était collectionneur de papillons, une vraie passion chez lui, chassant de jour comme de nuit le long des vieux murs avec une torche.  Il disposait déjà à ses dires d'une assez belle collection sous vitrines.  Apprenant que j'allais partir pour la Réunion et désireux d'étendre sa collection à des spécimens topicaux, il m'avait demandé qu'à l'occasion je lui en envoie quelques uns par la poste.  Bien entendu il m'avait expliqué la façon d'opérer : prendre délicatement le papillon dans le filet et le mettre dans un bocal de cyanure, mort instantanée, puis l'en retirer pour écarter tout aussi délicatementles ailes et le déposer dans une petite boite spéciale entre deux feuilles de papier spécial aussi.  Il m'avait fourni le matériel, peu encombrant au demeurant, dont ce bocal au nom rébarbatif sur lequel était collée une étiquette à tête de mort.  Seulement voilà, je n'eus guère le loisir à mon arrivée de "papillonner" de cette façon là ... et les années passèrent jusqu'au jour où je me débarrassai de ce dangereux bocal.  Des papillons certes j'en avais vu voleter dans le jardin au début, bien moins nombreux cependant que l'imaginait Schmidt, mais au fil des ans ils se firent encore plus rares pour disparaitre complètement victimes de l'urbanisation environnante et des pesticides.  C'est vrai que certains étaient très beaux faisant, ailes déployées, près de quinze centimètres et je tombais à chaque fois en admiration mais sans que ne m'effleure l'idée de les capturer car je n'ai jamais eu l'instinct chasseur (il m'arrivait habitant Egly de me lever très tôt pour aller en lisière de bois et m'y tapir rien que pour le plaisir de voir batifoler les lapins). Vous comprendrez donc que l'idée même d'ôter la liberté à cette merveilleuse créature et plus encore la vie, bien qu'éphémère, avec ce cyanur m'était insupportable.  Désolé pour mon collectionneur ... Je n'avais encore jamais évoqué les papillons dans mon Echo mais je viens d'apprendre la sortie d'un ouvrage sur le sujet par deux entomologistes locaux, l'un prof de lycée à Saint Joseph et l'autre directeur de l'insectarium de la Réunion.  Si chaque été nous vaut la visite nocturne de l'Hippotion Eson communément appelé "laï", attiré par la lumière, c'est une rareté de voir aujourd'hui ces beaux grands papillons de jour comme le Phorbanta Linne.   Nos deux spécialistes reconnaissent que ces espèces sont en régression constante depuis plus de vingt ans en général et quasiment disparues des parties basses de l'île.  Peut être pourront elles subsister dans les hauts reconnus aujourd'hui parc national ... 

Les Phéniciens et ... l'île Maurice
Quel rapport me direz-vous ?...  Certains historiens seraient d'avis que les premiers visiteurs de l'île Maurice auraient été des navigateurs phéniciens vers 2000 ans avant JC !... J'ai lu çà récemment dans une brochure consacrée à l'île soeur et j'en suis resté un peu estomaqué je dois dire ... En effet, d'après tout ce que j'ai pu lire sur Maurice et les Mascareignes en général, l'archipel a été reconnu de longue date par des navigateurs arabes (bien avant les Portugais) qui ont donné aux trois îles leur premier nom : Dina Marghabim (île de l'ouest) pour la Réunion, Dina Arobi (île du centre) pour Maurice et Dina Moroze (île de l'est) pour Rodrigues, mais sans que cette découverte ait pu en tout état de cause remonter aussi loin.  Il est avéré que la partie septentrionale de l'océan indien appelée à l'époque romaine mare erythrem, incluant la mer Rouge, a été sillonnée depuis la Haute Antiquité  par des navigateurs égyptiens, phéniciens, grecs, des jonques chinoises ainsi que des bateaux indonésiens ces derniers s'étant risqués à descendre plus bas que l'équateur jusqu'à hauteur de Zanzibar (autre nom tiré de l'arabe zenjbahr, côte des Noirs) et la grande île de Madagascar où ils s'implantèrent.  Mais celà nous fait remonter au  VII ème siècle environ avant JC.  Deux mille ans avant JC c'est Sumer à sa troisième dynastie !... Il est vrai que l'origine des Phéniciens que nous connaissons généralement comme un peuple de marins-marchands ayant écumé tout le bassin méditerranéen est restée  assez obscure.  Leur apogée s'est située  vers le XIème siècle de notre ère avec leurs cités-états de Byblos, Tyr et Sidon.  Certains prétendent même  qu'ils auraient  été à l'origine des Indonésiens ayant gagné le proche orient par la mer Rouge, pour preuve l'étymologie "phoïnikeos", peau sombre en grec.  Pour accréditer cdette thèse d'une poussée phénicienne jusqu'aux Mascareignes aux alentours de 2000 ans avant JC il faudrait considérer les premiers Phéniciens comme ayant fait partie des tribus cananéennes se trouvant sur place lors de la migration d'Abraham et s'étant maintenues vaille que vaille sur l'étroite bande côtière où l'on situe la Phénicie.  Hérodote, le père de l'Histoire, a quant à lui évoqué les exploits de navigateurs phéniciens  s'étant tournés résolument  vers d'autres horizons  que la Méditerranée.  Partis d'un port égyptien sur la mer Rouge (peut être d'Elath ou d'Akkaba ?) ils auraient descendu la mer Rouge, traversé le golfe d'Aden, doublé le cap Ghardafoui pour longer toutes les côtes orientales d'Afrique juqu'au Cap, remontant ensuite les côtes occidentales africaines et ainsi retrouver la Méditerranée par les Colonnes d'Hercule (Gibraltar) après trois ans de navigation.  Ainsi, bien avant Vasco de Gama (1497) l'Afrique fut elle complètement contournée par ses hardis navigateurs qui disaient "avoir retrouvé le soleil levant à leur droite  après l'avoir eu à leur gauche"  Cette circumnavigation aurait été réalisée sous le règne du pharaon Nekao (VIIème siècle  avant JC) époque où les Egyptiens savaient construire de grands vaisseaux  aptes au cabotage  en haute mer et l'on attribue aux Phéniciens l'invention du bateau "ponté" qui par la suite fut adopté presque partout. La navigation se faisait  sans instrument, aux étoiles dont la Polaire.  Maintenant, qu'au cours de ce cabotage  leur soit venu l'idée  de s'écarter volontairement de la côte alors que les courants ne les y portaient nullement , pour tomber sur les Mascareignes et Maurice précisément ... voilà qui semble  tout à fait invraisemblable.  A noter également que la Péninsule arabique  d'où venaient les découvreurs arabes des Mascareignes a été lieu de passage des caravanes (encens, épices) en provenance de l'Inde et de la Chine dès le 9ème siècle avant JC et que c'est de ce commerce  que les Phéniciens tirèrent leur principale réputation.
Il y aurait donc bien plus à laisser quà prendre dans cette affirmation concernant  les Phéniciens et l'île Maurice, occasion cependant de réaffirmer qu'ils ne furent pas seulement ce peuple de marchands qu'on nous apprenait à l'école mais aussi  de "grands découvreurs" avant les autres  (comme le furent  aussi les Chinois) de ce contournement de l'Afrique d'Est en Ouest.



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7 juillet 2008 1 07 /07 /juillet /2008 11:03

 La Réunion du début à la fin

Il y a trois millions d’années, à l’époque de « Lucy », l’île de la Réunion surgissait de l’océan sous la forme d’un volcan.  L’île Maurice (la grande sœur !) était déjà née depuis cinq millions d’années mais pas encore l’île Rodrigues, troisième et plus petite des « Mascareignes », dont la naissance ne remonte qu’à environ un million et demi d’années.  L’activité du plancher océanique, à plus de 4.000 mètres de profondeur, avait déjà commencé en fait depuis dix millions d’années. Le Piton des Neiges correspond au vestige le plus élevé de ce qu’il reste de l’effondrement du cratère originel.  Le Piton de la Fournaise (toujours actif) remonte à 530.000 années seulement, né lui d’un mouvement de la plaque tectonique ayant entrainé un déplacement de la cheminée magmatique. Comme le Piton des Neiges  s’est éteint il n’y a que 15.000 ans, les deux « bouches à feu » ont donc fonctionné longtemps ensemble.


Voici pour la phase géologique.

 

Passons maintenant à la phase biologique.

La colonisation des laves  refroidies par les premières fougères (après les lichens et les mousses) remonte à deux millions d’années. La végétation, déjà établie dans l’île voisine de Madagascar détachée de l’Afrique lors de la dérive sismique, s’est étendue et diversifiée pour environ 8% à partir de semences venues par mer, 30% apportées par le vent et 50% par l’intervention d’animaux (oiseaux de mer et migrateurs). Si elle est devenue extrêmement riche, la faune en revanche est restée pauvre, certaines espèces « comestibles » comme le solitaire de Bourbon, le dronte ou dodo, les grosses tortues de terre ayant même totalement disparues. 

 

Phase de découverte et de peuplement.

 Les premiers à avoir abordé les côtes de la Réunion comme des deux autres îles formant les Mascareignes ont été des marchands arabes et ce dès le VIème siècle.  Leur premier nom sur les premières cartes (portulans) ont été des noms arabes : Dina Arobi (île Maurice), Dina Moghrabim (île de l’Ouest, donc la Réunion) et Dina Moraz (île de l’Est, donc Rodrigues). Pas d’implantation mais simples lieux d’approvisionnement en eau douce et en fruits, voire en gibier à plumes, ce que l’on appela plus tard les « rafraichissements ».

En 1500, l’un des navires du Portugais Alvares Cabral commandé par Diego Dias séparé de la flotte par une tempête après avoir doublé le Cap de Bonne Espérance découvre par hasard la grande île de Madagascar qui recevra pour premier nom celui du saint du jour : Saint Laurent. Pero Mascarenhas aurait reconnu les trois îles vers 1520, laissant son nom à l’archipel, mais elles furent très certainement découvertes avant par d’autres marins portugais.  Ainsi de la Réunion (et peut être aussi de l’île Maurice) par le pilote Diego Fernandez Pereira navigant sur la « Cirné » qui fut le premier nom de l’île Maurice, celui de Santa Apollonia (du nom de la sainte du jour) ayant été donné à la Réunion. Quant à la troisième Mascareignes, elle reçut le nom du pilote Diogo Rodrigues.

1638, première prise de possession par la France de l’île « Mascareigne » (précédemment nommée Santa Apollonia alias la Réunion) par François Cauche commandant le « Saint Alexis » au nom du roi Louis XIV.

 1646, douze mutins sont déposés sans rien sur ordre du gouverneur de Madagascar de Pronis dans l’île Mascareigne. Trois ans après sur ordre du nouveau gouverneur de Flacourt, ils sont  ramenés en parfaite santé à Fort Dauphin.  Preuve est faite qu’on y peut vivre fort bien avec ce qu’on y trouve.  De Flacourt voit tout l’intérêt de cette île « adjacente » et envoie le « Saint Laurent », capitaine Roger Le Bourg, en faire une deuxième prise de possession et y déposer les armes du roi en la nommant « île Bourbon » nom qui lui restera jusqu’en 1793. Mais en attendant elle reste déserte.

1654, huit ans après les mutins de Fort Dauphin, quatorze hommes sont débarqués sur l’île avec à leur tête un autre mauvais sujet du nom d’Antoine Couillard. Mais cette fois on leur laisse plusieurs sacs de graines diverses ainsi que cinq vaches pleines et un petit taureau.  Trois ans et demi après, ayant exploré toute l’île, ils rentrent à Madagascar avec une information importante : tout pousse sur l’île, à condition de se protéger de l’ouragan.  Mais l’occupation définitive de l’île Bourbon se fait toujours attendre.

1663, un nommé Louis Payen originaire de Vitry le François (Marne) et son compatriote Pierre Pau se portent volontaires pour aller à l’île Bourbon accompagné de dix Malgaches, sept hommes et trois femmes qui seront les premières à mettre pied sur l’île et à y faire souche. Cette fois on peut parler d’une première occupation définitive. Deux ans plus tard le « Taureau » fait relâche à l’île Bourbon, dans la baie de Saint Paul (dite du bon ancrage).  Les hommes descendus à terre ne retrouvent que les deux Français dont les cultures semblent en effet tout à fait prospères.  Ils ont même pu ravitailler un navire anglais.  Pas trace des Malgaches partis « marrons » dans la montagne.  Deux versions diffèrent quant aux raisons de la mésentente : Première version : ce serait suite à un complot contre les deux Français mais que ceux-ci auraient éventé. Les Malgaches se seraient alors enfuis pour se mettre hors de portée de leurs fusils.  Deuxième version : ce serait à cause des deux négresses que les Français auraient emmenées avec eux, l’une d’elle fort belle, ayant fait l’objet d’une querelle avec les Malgaches célibataires.  Payen ne fera pas souche à Bourbon.  Il quittera l’île pour Madagascar avant de rentrer en France pour se retirer dans son pays natal ayant perdu tous ses biens lors de la prise par les Anglais du navire qui le ramenait.  On ne sait ce qu’est devenu son compagnon.  Quant aux « marrons », on envoya une escouade dans la montagne à leur recherche, sans succès. Mais de petites plantations disséminées ici et là et quelques huttes attestaient de leur présence. Par la suite ils acceptèrent de redescendre sur parole qu’ils ne seraient pas punis.  Eux sont restés dans l’île et les couples ont fait souche. Les premiers enfants nés à Bourbon étaient donc incontestablement des Malgaches de pure race.

1664, naissance de la Compagnie des Indes Orientales de Colbert. Les armoiries (écusson rond, d’azur chargé d’une fleur de lys d’or, portant de chaque côté une branche de palme et une d’olivier avec en listel la devise « florebo quocumque ferar » (je fleurirai partout où je serai porté) qui deviendra celle de la Réunion. La Compagnie s’intéresse particulièrement à la grande île de Madagascar mais ne néglige pas pour autant l’île Bourbon où débarquent l’année suivante (1665) Estienne Regnault un commis de la Compagnie accompagné d’un négociant du nom de Baudry et d’une vingtaine d’hommes.  A cette petite communauté viennent s’ajouter les sept hommes et trois femmes d’origine malgache laissés par Louis Payen et leur descendance. Estienne Regnault était parisien, d’abord employé aux écritures puis nommé commis et embarqué sur la première flotte à destination de Madagascar.  Il a laissé le souvenir d’un excellent administrateur, évitant les conflits humains, laissant un mémoire complet sur la situation de l’île lors de son départ, six ans après. C’est en 1965 également que débarquèrent les premières Françaises, jeunes filles et jeunes femmes, de deux navires ayant mouillé en rade de Saint Paul mais contraints de s’en éloigner en catastrophe par l’arrivée d’une terrible tempête sans avoir eu le temps de récupérer tous ses passagers. Et au cours de ce séjour forcé certaines trouvèrent mari et finalement restèrent.

De 1667 à 1669, Estienne Regnault va étendre la petite colonie de Saint Paul vers  le Nord puis l’Est sur le bord de la Rivière Sainte Suzanne. Le peuplement de l’île a véritablement commencé.  A noter qu’à cette époque l’esclavage ne sévit pas sur l’île ;  cela ne sera qu’à partir de  1680 environ, conséquence même de son développement économique nécessitant davantage de main d’œuvre. (L’abolition n’interviendra que le 20 Décembre 1848 à laquelle succèdera l’ « engagisme » indien).

En 1946, au lendemain de la seconde guerre mondiale qu’elle vécut durement en raison de la coupure des communications avec la lointaine Patrie, la Réunion et les trois autres « vieilles colonies » de la Martinique, Guadeloupe et Guyane française, devenaient départements français d’outre-mer ce qui allait marquer un tournant décisif dans leur jeune histoire de trois siècles.

De fait depuis ces cinquante dernières années, la Réunion est entrée de pleins pieds dans le modernisme, le développement démographique et économique faisant d’elle un pays riche en comparaison de beaucoup d’autres de la zone, présentée même comme une « vitrine » de l’Océan Indien.  Croissance qui ne va pas sans risques  au demeurant : sur un territoire au ¾ montagneux les zones urbanisées et industrialisées grignotent inexorablement les terres agricoles sous cannes et compromettent l’avenir de la filière sucre en tant que première activité exportatrice de l’île. Le cœur de l’île de par sa nature escarpée, chaotique, au sol instable, n’est pas susceptible d’être davantage peuplé qu’il ne l’est actuellement (rares îlets), classé en revanche Parc National, peut être même bientôt au Patrimoine Mondial. Quand les prévisionnistes nous parlent du million d’habitants avant 2020, c’est toute la zone « annulaire » de l’île (à l’exception de celle du « Grand brûlé ») qui supportera cette densification de la population. Faut-il vraiment s’en réjouir alors que nous connaissons déjà de gros problèmes de chômage par la régression du secteur agricole, l’insuffisance de débouchés dans le secteur secondaire, les limites du tertiaire, les effets pervers d’une politique d’assistanat social pro nataliste (où certains y trouvent leur compte davantage qu’à travailler ), les problèmes de circulation avec une croissance démentielle du parc automobile mobilisant des sommes considérables pour la construction d’axes routiers impressionnants, les  phénomènes grandissants de « banlieue » voire de « ghettoïsation » dûs au désœuvrement de trop de jeunes et moins jeunes et d’une émigration comorienne insuffisamment contrôlée, une discontinuité territoriale qui s’accentue par la hausse des carburants et donc du fret maritime et aérien. Tout cela n’est pas à nier et fait que la Réunion vit une tranquillité somme toute fragile, assise qu’elle est, peut être, sur un autre volcan ayant nom « explosion sociale » et dont l’éruption pourrait la faire régresser tout aussi rapidement ...

Nous sommes en revanche plus assurés du  « grand avenir » de la Réunion qui lui est scellé. D’ici plusieurs millions d’années l’île qui insensiblement mais inexorablement s’enfonce sous son propre poids dans le plancher océanique finira par devenir un simple atoll, puis un haut fond, avant de se diluer totalement dans les profondeurs marines à la suite des deux autres Mascareignes.

Retour à l’origine.

Et pour ramener à ses justes proportions, autrement dit insignifiantes, cette histoire « géologique », faut-il rappeler que:


    L’Univers a 15 milliards d’années

 

Qu’on estime l’âge de notre système solaire à 4,6 milliards d’années

 

Que c’est aussi en gros l’âge de la Terre

Que sa vie dépend du Soleil lequel en est à la moitié de son existence

 

        Et qu’en définitive, tout redeviendra le tout.

 

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11 juillet 2007 3 11 /07 /juillet /2007 15:40
 

Bidon… Le cimetière marin de Saint Paul est célèbre pour abriter 2 tombes particulières : l’une illustre, celle du poète Leconte de l’Isle, natif du lieu et celle, « bidon », du pirate Olivier Levasseur alias « la Buse ». C’est de cette dernière dont je vais parler. Mais d’abord qui était ce personnage, triste sire au demeurant mais dont le nom est pourtant connu de tous ici à la Réunion. Natif de Calais, date de naissance inconnue, il est cité par le premier historien de la piraterie, Johnson, dans son ouvrage « The history of Pyrates » (1724) dans la foulée d’une kyrielle de forbans fameux comme Bowen, Nathaniel North, Folio, Avery, Thomas White, Congdom, England, Taylor, Mcgraw, et bien d’autres, et s’était fait une réputation d’homme redoutable et redouté, sans merci, fondant sur ses proies comme la buse, d’où son surnom.  Comme les précités il avait commencé par écumer la mer des Caraïbes où l’île française de Saint-Domingue constituait une des bases principales des forbans pilleurs de vaisseaux espagnols, ce que tolérait d’ailleurs le roi Louis XIV, jusqu’au jour où les Espagnols devinrent alliés des Français ce qui valut à nos forbans d’être chassés de cette île. Beaucoup d’entre eux, fortune faite, décidèrent alors de « raccrocher ».  Quand le roi d’Angleterre à son tour sonna le glas de la piraterie, certains acceptèrent l’amnistie qu’on leur offrait tandis que d’autres, les irréductibles, s’enfuirent pour œuvrer ailleurs notamment dans l’Océan Indien. Parmi ceux là nous trouvons England, Taylor, Congdom et le Français Levassor.  Madagascar et  Anjouan (l’une des îles Comores) deviennent leurs bases d’où ils opéraient, tantôt associés, tantôt isolément, souvent opposés dans des rivalités. Entre autres prises fameuses, notre « la Buse » s’empara devant l’île de la Réunion de la « Virgen de Cabo » (vierge du Cap) un navire portugais et du « Ville d’Ostende » un marchand hollandais. Huit ans plus tard la Buse vivait à Madagascar où il s’adonnait occasionnellement à la traite d’esclaves. Comme la plupart il avait bénéficié de l’amnistie générale pour les faits de piraterie et semblait donc hors d’atteinte de ce côté-là.  Et pourtant … Dans la baie d’Antongil la Buse rencontra, pour son malheur, un certain capitaine Dhermitte commandant la frégate la Méduse  venant de Lorient, personnage s’apparentant assez par les mœurs et le langage aux anciens pirates. Les deux hommes s’acoquinèrent puis se brouillèrent et par ruse Dhermitte allait s’emparer de Levassor et l’embarquer enchaîné à fond de cale avec 400 esclaves et 60.000 livres de riz pour débarquer le tout à l’île Bourbon.  La Buse y sera emprisonné, interrogé sur les prises de la Vierge du Cap et du Ville d’Ostende principalement et condamné à être pendu le 7 Juillet 1730. La tradition (ou la légende) veut qu’il l’ait été en baie de Saint Paul mais ce fut beaucoup plus vraisemblablement à Saint Denis où siégeait le tribunal.  Première entorse à la vérité historique.  Seconde entorse, et de taille, celle concernant son inhumation.  Les pirates condamnés étaient pendus jusqu’à ce que mort s’ensuive, le corps laissé sur la potence  vingt quatre heures durant après quoi il était exposé en bord mer avant d’être jeté (déjà en état de décomposition et « becqueté » par les oiseaux de mer) dans une fosse commune, les pirates n’ayant pas droit à sépulture.  Comment prétendre dès lors que la « tombe n°1 » du cimetière marin de Saint Paul, lequel cimetière n’existait d’ailleurs pas encore du temps de la Buse, ait pu être celle du fameux pirate ?  … Cette croix taillée en pierre volcanique avec le crâne et les deux tibias gravés (mise à cet endroit par Dieu sait qui ?) fait pourtant illusion depuis longtemps chez certaines gens enclins à la superstition et aux pratiques de sorcellerie. On trouve régulièrement sur cette « tombe bidon » quelques cigarettes, un verre de rhum, un chiffon rouge, un grigri… De tous les touristes qui défilent régulièrement devant elle,  j’imagine quand même que beaucoup doivent se poser la question quand à sa véracité...  Ce n’est pas à mon sens de  bonne pratique « publicitaire » que de falsifier la vérité historique et d’abuser ainsi (grossièrement) de la crédulité des gens.  Je serai par contre beaucoup moins sévère s’agissant du fameux (soi-disant) trésor de la Buse; celui-ci au moment d’être pendu aurait jeté à la foule un morceau de papier contenant en langage crypté l’indication de l’emplacement du trésor qu’il aurait enfoui quelque part sur la côte entre Saint Paul et Saint Pierre, s’écriant en ricanant : « Mon trésor à qui saura comprendre ». Un Réunionnais se disant descendant de pirate nommé Joseph Tipeveau (alias Bibique) a prétendu avoir retrouvé le fameux cryptogramme... Laissant tomber sa profession d’assureur il y consacra  les dernières années de sa vie, sérieusement semble t’il bien que ce soit devenu chez  lui une véritable obsession, allant jusqu’à se documenter au Portugal.  Il effectua pratiquement seul plusieurs fouilles en divers endroits (en amont de l’Hermitage et à la Pointe du Diable près de St Pierre notamment) mais sans rien découvrir, écrivit plusieurs livres sur les trésors et la flibuste. Est-ce par excès de tension dans sa quête ou par découragement, toujours est-il qu’il se donna la mort il y a douze ans à 59 ans…  Châtiment  pour avoir osé défier les paroles du pirate ??? ... 

 

 

 

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11 juillet 2007 3 11 /07 /juillet /2007 15:37
 

RANDO 2007 : Les 6, 7 et 8 Juillet la CIREST (Communauté Intercommunale de la Région EST) qui regroupe 6 communes : Saint André, Saint Benoît, Sainte Anne, Sainte Rose et Salazie offrait au public le plus large son grand « week-end rando » traditionnel avec au programme divers itinéraires dans les « hauts » comme dans les « bas » parmi lesquels les plus jeunes comme les plus âgés pouvaient trouver leur compte. Rappelons que cette manifestation est une occasion supplémentaire de rappeler à tout un chacun que l’on doit être respectueux de la Nature et de l’environnement tout autant qu’on doit l’être aux niveaux les plus élevés . On s’est rendu compte, phénomène assez récent, que l’homme par son industrie et son comportement quotidien pouvait gravement nuire à l’avenir de sa planète, cette belle planète bleue, notre berceau.  Or c’est d’un combat qu’il s’agit. Chaque petit geste compte notamment celui (tellement élémentaire pourtant !…) de ramener dans son sac ses restes de pique-nique quand le lieu ne dispose pas de poubelles.  L’année dernière le temps n’était pas au beau et la randonnée à Dioré que j’avais choisie s’était déroulée entièrement sous la pluie, frustrant ! … surtout qu’il y avait à la clé un beau  panorama sur le cirque de Salazie (voir « l’Echo de l’île » de Septembre 2006) Il n’en a pas été de même cette année où tous ont bénéficié d’excellentes conditions météo, même dans les « hauts ».  Pour ma part ce sont les « bas » que j’avais choisis avec le sentier littoral de Sainte Rose.  En fait je n’avais pas le choix car il ne restait plus de places que pour cette sortie là et uniquement ce vendredi 6 Juillet.  C’est dire le succès !...  A mon habitude (ou  manie …) je vais vous faire un petit récit de cette journée (que je dédie plus particulièrement à ma belle sœur Paulette-Méry repartie trop tôt en Métropole …)

 

05h45,  je suis déjà debout car je prends le bus à 7h pour Bras-Panon. Y’a d’la marge !... mais c’est une vieille habitude entre moi et les horaires… Le p’tit café du matin pris au lit et dans la même tasse (depuis jeunes mariés !...) s’en trouve très avancé mais une fois n’est pas coutume. Il fait, bien entendu, encore nuit noire mais il y a peu de nuages et de plus la météo d’hier était favorable. Avant de boucler mon sac (léger) je descends en ville prendre un pain frais chez « Emilie ». La « voierie » vient de passer avec ses gyrophares clignotants, les voitures sont encore rares mais quelques piétons déambulent déjà. La gare routière est à deux pas, un peu plus haut.  Dix minutes de « car jaune » et me voilà devant la mairie panonnaise où le rendez vous a été fixé à 7h30. Le jour est levé mais le soleil caché par une barre de nuages. En attendant le départ on peu prendre un petit déjeuner offert par la municipalité : café et viennoiserie (même  « riz chauffé » pour ceux qui veulent)  accompagnés d’un petit dépliant. 8h15 : arrive notre car de la compagnie MARTIN Valère, grand et confortable, servant d’ordinaire aux transports scolaires. Nous embarquons : 45 personnes plus deux accompagnateurs de la CIREST. Cap à l’est direction Saint Benoît, Sainte Anne, Petit St Pierre, Sainte Rose, Ravine Glissante et l’Anse des Cascades au pied du Piton du même nom (ou encore Gros Piton) d’où va partir notre balade et où nous attendent trois accompagnateurs Sainte-Rosiens. Dégustation de fruit confit maison et … en avant mauvaise troupe !...    La réputation de ce site n’est plus à faire,  échancrure de la côte abritant un port de pêche rudimentaire (mais bien connu). Ici les barques ( les « canotes ») partent et rentrent en négociant avec la vague et … c’est du sport !  Il y a tout de suite du fond et la houle venue du large n’autorise pas toujours les sorties.  Ce qu’on a un peu oublié c’est que l’Anse des Cascades a eu son usine sucrière à vapeur dont on peut voir encore le système d’élévation de l’eau puisée en contrebas. Il y en avait d’ailleurs trois autres autrefois dans la région dont seule subsiste, du moins dans quelques vestiges de bâtiments d’époque, celle de la Ravine glissante  à l’emplacement de laquelle se trouve un centre de réception de cannes toujours en activité appartenant à la Sucrière de la Réunion (Groupe Quartier Français). Après être passés au pied des cascades et avoir dépassé la rampe de halage,  nous entamons le sentier appelé aussi « sentier des pêcheurs ». Si je n’avais pas été prévenu par Denis (qui a fait récemment la balade aller + retour) j’aurais été bien étonné de le trouver plutôt « accidenté » pour un sentier littoral sensé être assez plat ... En fait, suivant au plus près la côte, il est très sinueux, descendant vers les « plages » et criques de lave puis remontant sur les falaises noirâtres, à n’en plus finir. D’autre part, le terrain est le plus souvent rocailleux (important d’être bien chaussé) si bien que, classé pour marcheurs moyens, il n’en reste pas moins déconseillé aux personnes âgées ayant des problèmes d’articulations (comme cette dame de notre groupe - dont je n’étais pas le plus ancien cette fois - qui s’est trouvée  en difficulté). Il faut compter trois heures au moins de marche réelle pour 10 Kms  seulement. Ceci étant dit, d’emblée on est saisi par l’« ambiance » du parcours  avec sur notre droite l’océan bleu teinté de vert (changeant en fait avec le ciel) venant briser en gerbes d’écume éblouissante sur les rochers et les falaises de lave noire que nous surplombons, le vert du couvert végétal  principalement composé de  vacoas, badamiers, filaos, pommiers d’acco,  et,  par les trouées ici et là sur notre gauche,  celui des champs de cannes sur les pentes. De la Pointe des Cascades, en nous retournant, nous apercevons au loin la Pointe de la Table et la dernière coulée volcanique qui a enseveli sous  + vingt mètres de lave la Route Nationale qui n’est pas prête d’être ré ouverte.  Puis nous passons la Pointe des Bambous puis la Pointe Rouge, tantôt dominant la falaise, vertigineuse par endroits, tantôt descendant presque au ras des flots, avant d’arriver à la Pointe Lacroix et la coulée volcanique de 1977 avançant sur l’océan. L’alizé dont nous étions abrités jusque là nous arrive en plein avec des volées d’embruns C’est le moment d’ouvrir grand ses poumons et respirer à plein ces milliards d’oxions !...    On aperçoit aussi plus haut la petite silhouette blanche de l’église Notre Dame des laves  épargnée par la coulée et  au delà les éoliennes pris aussitôt un aspect plus sinistre. Après avoir traversé la coulée,  nous retrouvons les montées-descentes, « tourné viré » habituels, passant devant Port Ango,  simple lieu de débarcadère  (acrobatique !...) pour les navires ayant longtemps coexisté avec la « marine » de Sainte Rose, avant de nous arrêter à la ravine Bellevue au pied du Piton du même nom pour une vraie pause casse croûte, très attendue autant vous le dire. Mais là encore appel à vos souvenirs de l’« Echo » à propos de cette aventure vécue ici même par deux touristes belges en Novembre dernier. Il suffit de faire une vingtaine de pas pour la franchir mais ils n’en avaient pas eu le temps une crue subite de la ravine ayant déboulé juste à ce moment les jetant l’un et l’autre à la mer.  L’un d’eux avait pu reprendre pieds  à la Pointe corail mais l’autre avait été entraîné au large par le courant. Ayant gardé son sac à dos il avait pu en extraire son matelas gonflable et s’en aider pour flotter dérivant ainsi toute la nuit vers le nord jusqu’à hauteur de Saint Benoît où il fut secouru au matin d’extrême justesse par un pompier qui, scrutant les « vagues bichiques » avant d’aller prendre son service,  l’avait aperçu par chance.  Le récit que firent par la suite les deux rescapés (voire miraculés)  m’avait beaucoup frappé.. Aussi en dépit du ciel bleu, de l’océan superbe et des gerbes d’écume,  j’essayai de me représenter cet après midi là, le flot énorme de la crue déboulant de la dernière courbe de la ravine (là même où nous étions assis) et balayant devant lui les deux hommes. Un miracle (déjà) qu’ils n’aient pas été projetés tous les deux sur les énormes rochers de part et d’autre !... Miracle aussi qu’ils n’aient pas eu affaire aux requins dans ces eaux profondes surtout par temps d’orage comme c’était le cas et en fin d’après midi où ils partent en chasse.  Miracle encore que le premier ait pu prendre pied sur la petite crique de la Pointe Corail toute hérissé de rochers contre lesquels il risquait d’être fracassé.  Miracle enfin pour celui qui put dériver en pleine nuit  et être aperçu par le plus grand des hasards depuis la côte. On n’insistera jamais assez sur le danger redoutable  de toutes ces ravines en période cyclonique.  Restaurés et reposés, du bleu plein les yeux, nous repartions pour le dernier tiers de la randonnée passant la Pointe de Bellevue puis la Pointe Corail (déjà citée) ainsi dénommée à cause des coraux blancs que la houle rejette sur une petite crique tout à fait charmante par beau temps et d’où la vue porte loin, jusqu’à Sainte Suzanne.  Après une dernière grimpette nous nous retrouvons au niveau de la Route Nationale à deux pas de la plateforme de réception de cannes de la Ravine Glissante où nous attend le car MARTIN pour le retour à Bras Panon.  Il est alors  15h30.  Nous prenons congé de nos guides pays bien sympa et dont il aurait fallu pouvoir noter toutes les observations botaniques faites en chemin.  De retour à Bras Panon nous sommes accueillis en musique par le groupe folklorique « Etincelles panonnaises » et ses danseuses clôturant ainsi une bien belle journée. Le temps d’attraper un bus et me voilà de retour auprès d’Yvette. Il est 17h.    Alors, content?  Que oui !  Je dirais même plus, HEU-REUX !...  Rendez-vous pris pour l’année prochaine.               

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20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 19:19
(cyclone tropical 24/27 Mars 2007)
Je n'y reviens pas directement, on en a suffisamment parlé dans les médias.  Sacré "phénomène" quand même qui a su jouer avec nos nerfs  et ceux des prévisionnistes météo quant à sa trajectoire erratique voire "lunatique" (la lune était à son plein).  Deux de ses effets  notables nous incitent à réfléchir notamment au sujet de ces deux "très gros" projets (néanmoins nécessaires) de nouvelle route littorale et de tram train.  Qu'avons nous vu en effet : d'abord une houle cyclonique impressionnante avec des vagues de près de dix mètres explosant sur les tétrapodes de la route "en corniche" St Denis/la Possession et submergeant la chaussée.  Gagner seize mètres  sur la mer pour éloigner la nouvelle chaussée (réhaussée de 3,50 mètres)  de la falaise et la mettre hors d'atteinte des éboulis, d'accord.  Mais ce n'est pas cette surélévation qui la mettra pour autant à l'abri de pareille houle, d'autant plus qu'elle sera davantage avancée en mer.  Autrement dit, d'ici une dizaine d'années (durée prévue des travaux) il faudra quand même fermer la nouvelle route en pareil cas ce qui, au demeurant, se produira moins souvent qu'avec les chutes de pierres.  Bien.  En second lieu nous avons eu des vents violents du N.E. frappant de plein fouet le cap Bernard au point que la DDE avait déconseillé d'emprunter la route de la Montagne (alternative quand celle du littoral est fermée) à cause des rafales qui y soufflaient.  Or le trajet tram train entre St Denis et la Possession est prévu pour passer par la Montagne ceci afin de développer l'immobilier dans ce secteur et en facilieter la desserte.  Moyennant quoi il faudra construire onze ouvrages d'art franchissant les ravines dont deux assez exceptionnels devant ressembler (en miniature) au viaduc de Millau. Comment se comportera ce tram train franchissant le vide quand soufflera des vents supérieurs à cent Kms heure ?  Là encore il faudra bien momentanément arrêter sa mise en service.  En conclusion, pas de risque 0 venant de la mer, de la falaise et du vent, donc pas de solution miracle.  Ceci étant il faut savoir ce que l'on veut.  Arrêtons ces empiternelles polémiques à ce sujet.  Les solutions retenues si elles ne règleront pas tout amélioreront les choses notablement.  Qui vivra verra ...
Un mot pour finir sur l'effondrement spectaculaire du pont aval sur la rivière St Etienne.  Vue du pont, celle-ci apparait comme un mince filet d'eau s'insinuant entre les énormes blocs de rocher encombrant le lit large de près de cinq cents mètres.  Il en va de même d'ailleurs de la rivière des Galets.  La rivière St Etienne est alimentée par les bras de Cilaos et de la Plaine et en période de fortes pluies ce sont des quantités d'eau énormes qui y déboulent roulant avec elles d'énormes galets.  Les piles de pont doivent donc être extrêmement solides pour résister à ces coups de bélier  et aussi à l'affouillement de leur base par le courant.   D'où la nécessité de vérifications fréquentes et minutieuses de chaque pile par les services compétents.  La force de l'eau est inouïe et terrifiante dans un relief comme celui de la Réunion, d'autant plus qu'elle est plus longtemps retenue.  Or l'éboulis qui s'est produit dans le bras de la Plaine formant d'abord barrage puis cédant sous la poussée du flot a pu avoir un effet aggravant.  Il faut aussi arrêter de laisser construire des maisons dans des endroits à haut risque comme l'îlet Quinquina (Rivière des Pluies), les instances départementales devant exercer un droit de regard beaucoup plus sévères sur ce genre de choses.  A noter enfin que les quelques cas mortels à déplorer ont tous été provoqués par imprudence notoire, malgré les mises en garde répétées et répétées à chaque fois... Le passage d'un cyclone comme une éruption volcanique s'ils ont un côté spectaculaire sont extrêmement dangereux et il ne faut surtout pas plaisanter avec eux ... ce qui arrive quand même ...
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20 mars 2007 2 20 /03 /mars /2007 10:23
Ramené par son skipper, Maud FONTENOY, tel un grand oiseau blessé (rouge, blanc et gris) depuis son démâtage au large de l'Australie,  le "l'Oréal" rentrait au port de la Pointe des Galets le Jeudi 15 Mars, après 151 jours de mer et 47000 Kms parcourus à contre courant autour de l'hémisphère sud.  Sous les applaudissements et les acclamations d'une foule nombreuse (officiels et enfants des écoles en tête) l'île de la Réunion retrouvait avec soulagement celle qu'elle a adoptée, sa petite sirène blonde au profil de figure de proue.  En apprenant son avarie puis son intention de rallier quand même son point de départ sous gréement de fortune, à petite vitesse, et en louvoyant entre les dépressions et cyclones de la zone, beaucoup n'y croyaient plus, l'honneur étant sauve de toutes façons.  C'était encore méconnaitre le courage et la volonté exceptionnels de cette belle jeune femme de 29 ans, déjà éprouvée au cours de sa navigation.  C'est un véritable exploit que vient de réaliser Maud, première femme à avoir réussi ce pari du contre courant en solitaire après Chay Blith (1970), Mike Golding ((1993), Philippe Monnet (en 2000) et Jean Luc Van den Heede (en 2003) ex propriétaire de son bateau de 26 mètres, au mât de près de 30 mètres, très sûr mais aussi très difficile à manoeuvrer, surtout avec de petits bras comme Maud le précise ... Sans ce démâtage on aurait presque pu parler de record  mais  ce  qui lui importait était essentiellement de réaliser son rêve,  contre vents et marées au plein sens de l'expression.  On ne peut être qu'admiratif devant tant de détermination, de pugnacité, de courage et de présence d'esprit dans les moments très difficiles, en dépit du coeur qui bat la chamade, ne perdant jamais espoir de surmonter et de vaincre.  Un bel exemple pour la jeunesse.  Maud FONTENOY que beaucoup aimeraient pouvoir rencontrer laissera son nom dans les annales de cette île à l'instar (je dirais même plus) d'Alain Gerbault, du commandant Bernicot, de Jacques Yves le Toumelin qui y furent simplement de passage,  mais elle en est partie et y est revenue.
Bravo Maud et bonne chance dans la poursuite de ta vie, de quelque manière que tu décides de la poursuivre.
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