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7 septembre 2009 1 07 /09 /septembre /2009 15:08

Ce congrès FNOGEC à Perpignan, quand même ... le contraire d'un cheveu sur la soupe ! ... une vraie « aubaine ». Même qu'il m'a fallu un peu de temps pour réaliser, mais au fil des jours me rapprochant du départ j'y pensais de plus en plus jusqu'au soir du Jeudi 26 Mars où Daniel et moi nous sommes retrouvés à l'aéroport avec une vingtaine de présidents, trésoriers, membres actifs d'O.G.E.C. d'écoles, collèges et lycées de l'île. Belle délégation d'autant plus que c'était la première fois pour la Réunion. Un OGEC (Organisme de Gestion d'Etablissement Catholique) est une association loi 1901 composée de bénévoles (le plus souvent parents ou ex parents d'élèves) doté d'un Conseil d'administration élu par ses membres, ayant en charge la gestion financière de l'établissement en étroite collaboration avec le chef de cet établissement qui est l'ordonnateur des dépenses qu'il s'agisse de la gestion scolaire proprement dite ou de la gestion dite patrimoniale (entretien des bâtiments, installations, matériels). Il fait partie de la communauté éducative au même titre que l'A.P.E.L. (Association de Parents d'élèves de l'Enseignement Libre). OGEC et APEL sont fédérés sur le plan local par l'UDOGEC (Union Départementale des OGEC) et l'UDAPEL (Union Départementale des APEL) lesquels sont rattachés au CODIEC (Comité Diocésain de l'Enseignement Catholique) lequel est « chapeauté » par l'Evêque. Maintenant, sur le plan national, UDOGEC et UDAPEL sont eux mêmes fédérés au sein de la FNOGEC et de la FNAPEL (Fédération Nationale des ...) La FNOGEC a son siège au 277 de la rue Saint-Jacques à Paris et sort un bulletin d'informations mensuels intitulé « l'arc boutant ». Pour sa part l'OGEC de l'école primaire Ste Marguerite à Saint-Benoît qu'a fréquentée Denis a été créé officiellement le 23/9/1995 mais Daniel et moi avions déjà préparé le terrain depuis deux ans avec sœur Thérèse CLAIN (originaire de l'Entre-Deux, décédée il y a 6 ans), Directrice de l'époque et qui pour nous deux était très présente à ces journées car sans elle nous n'aurions pas été là. Des onze membres de départ restent quatre (dont le Président et le Trésorier) et nous ne sommes actuellement que six (c'est insuffisant mais les volontaires sont rares!) Il y a deux ans à peine j'ai réussi à trouver une remplaçante en la personne de Christine Leste (née Ho Yew) mais je reste encore à ses côtés le temps qu'elle ait tout bien assimilé. Cette mise au point était nécessaire je pense pour situer un peu les choses. Ces journées nationales à Perpignan étaient les Trentièmes qu'organisait la FNOGEC depuis sa fondation en 1952. Elles permettent de confronter les problèmes, spécifiques mais le plus souvent communs, ainsi que les idées ou propositions pour améliorer. Pour nous domiens en particulier c'était une belle occasion d'ouverture et de rencontre avec nos « homologues » métropolitains, d'élargir nos horizons. Après un vol sans histoire et je dirais presque « confortable » vu que l'avion n'était pas plein et qu'il y avait de la place pour s'étirer un peu, nous débarquions à Orly, Vendredi 27 Mars, pour reprendre une heure trente plus tard notre « correspondance » pour Perpignan (une heure de vol, contre 11 depuis la Réunion) et arrivions en vue sous un soleil magnifique faisant étinceler les neiges du massif du Canigou au sommet magique de 2784 mètres. La rivière la Têt étincelait elle aussi vue d'en haut tel un long ruban argenté. Une délégation de l'UDOGEC 66 (Pyrénées orientales) nous attendait à la sortie du petit aéroport de Rivesaltes pour nous mener tout d'abord à nos hôtels car nous n'étions pas tous dans le même, dans 7 hôtels en fait pour les congressistes métropolitains devant coucher sur place la nuit du Samedi au Dimanche. C'est la végétation méditerranéenne qui nous a frappés dès l'abord. Daniel, moi et le vice-président du collège St Charles (St Pierre) Harold CAZAL étions dans le même hôtel « Ibis ». Le temps de s'installer et une rapide toilette le car repassait nous prendre pour nous ramener à Rivesaltes, au Domaine de Rombeau, un ancien chai aménagé en restaurant, propriété de la famille de la Fabrègue depuis plusieurs siècles avec 50 hectares de vignes (crû « Château de Rombeau ») Ce très bon repas aux spécialités locales était d'ailleurs offert par les membres du groupe Réunion à leurs hôtes perpignanais pour leur accueil et prise en charge. Les vins de là bas qui existent en rouge, blanc et rosé, sont doux et corsés, les trois étaient sur la table, mais personnellement j'évite le mélange, préférant m'en tenir à une seule couleur. L'après midi étant déjà avancé, nous prenions la route pour Collioure par Canet en Roussillon, Canet-plage, suivant la côte basse et l'étang du même nom, Saint Cyprien jusqu'à Argelès avant d'atteindre le petit port de Collioure par les collines couvertes de vignobles en terrasses. Son phare-clocher (ND des Anges) est sans doute le plus connu (déjà rendu célèbre par les peintres fauvistes qui s'installèrent dans le coin), mais c'est un endroit enchanteur avec sa promenade des remparts, ses petites rues montantes, son château royal, son couvent des Dominicains devenu cellier abritant la coopérative des 160 vignerons de l'endroit (véritables « artisans » de la vigne) et dominant le tout le puissant fort Saint Elme du haut de sa colline. Soufflait ce jour là le « marin » sous un ciel pur et au dessus d'une Méditerranée d'un bleu intense légèrement crêtée d'argent, bien moins froid que la tramontane mais qui quand même en surprit plus d'un nous faisait rechercher les endroits abrités et ensoleillés. Nous n'étions pas loin de Port-Vendres et je me suis souvenu d'un certain 7 Mars 1960 où j'embarquai avec les copains sur l'El Mansour, le Victorieux, tu parles, avant nous il transportait des moutons !...destination Oran. Retour à l'hôtel pour une bonne nuit de repos car demain commencent les choses sérieuses. Samedi 28 Mars, Réveil matinal, le temps de bien tout préparer car nous ne devons pas revenir à l'hôtel avant très tard ce soir. Il s'agit de ne rien oublier, y compris l'imper car on a entendu dire que le temps pourrait changer. Au petit déjeuner libre-service de l'hôtel « ibis » il y a l'embarras du choix. Comme c'est un moment de la journée que j'adore et où j'ai toujours faim j'y fais honneur. A 8h pétantes le bus de ramassage arrive et nous embarque tous les trois pour le Palais des Congrès de la ville. De fait le temps est couvert ce matin. Nous prenons au passage quelques autres congressistes à l'hôtel « Mondial» en plein centre ville avant d'arriver devant l'immense palais de verre et d'acier au bout d'une vaste esplanade (Place Armand Lanoux). Il est 8h30 la première journée commence. Et tout d'abord distribution des badges et remise d'une pochette bourrée de documents plus stylo et bloc papier. Nous sommes près de 650 venus de toute la France !... Nous commençons par visiter des stands d'organismes en lien avec les établissements d'enseignement privé : Société Générale, au service des Associations, le Groupe B2V pour la retraite et la prévoyance, les logiciels APLON, l'UNIP société d'assurance, Scolarest (restauration scolaire) etc... A 10H15 nous entrons dans le grand amphithéâtre et c'est de là en regardant autour de soi que l'on se rend compte de la moyenne d'âge très élevée des participants, trop élevée, on en reparlera. Mot d'accueil du représentant du maire Monsieur PUJOL puis discours d'introduction de M.Jacques GIROUX, président de la FNOGEC. Suivra l'intervention attendue de Monsieur Olivier BONED, responsable de l'observatoire de la gouvernance du Centre des Jeunes Dirigeants de l'économie sociale (CIDES)... Docteur en Sciences de Gestion, chargé des relations institutionnelles et internationales à la Confédération Nationale du Crédit Mutuel, ayant travaillé également à la MGEN, qui allait pendant deux heures nous parler « gouvernance » thème de ces journées. Un peu d'étymologie ne fait jamais de mal. En vieux français, governance était synonyme de gouvernement. Ce terme passa tel quel dans la langue anglaise tandis qu'en France il tombait en désuétude parce qu'associé à l'Ancien Régime. Le plus curieux c'est que le terme anglais governance devait revenir dans la langue française au cours des années 90 mais pour désigner autre chose en fait. De quoi s'agit-il ?...  succinctement d'une notion  impliquant « décentrement » de la prise de décision. Le monarque décidait seul même s'il avait des conseillers, aujourd'hui le patron d'une entreprise ne « gouverne » plus seul, il est dépendant de son conseil d'administration, des assemblées générales, des représentants des salariés, des syndicats, des banques, de l'État, etc... La prise de décision n'est plus le fait d'un individu mais d'un consensus et ceci s'étend à tous les niveaux : on parle de gouvernance d'entreprise, comme de gouvernance politique et de gouvernance mondiale ce qui témoigne de notre dépendance de plus en plus grande entre nations notamment sur les grands problèmes planétaires. Des plus petits jusqu'aux plus grands groupements on fait de la gouvernance, il nous faut discuter avec des partenaires. Pour le déjeuner nous allons nous rendre en bus au lycée technique Louise de Marillac (fondatrice des sœurs de la charité ayant œuvré aux côtés de St Vincent de Paul). Surprise en sortant du Palais des Congrès, il pleut. Le repas a été préparé par des élèves de section hôtelière dans le gymnase de l'établissement (il fallait bien çà pour autant de monde !) Nous sommes Daniel et moi à côté d'un groupe d'auvergnats. Notre provenance nous rend quelque peu « exotiques ». Ils nous questionnent beaucoup sur la Réunion. Et pourquoi ne pas y faire les prochaines journées FNOGEC ?... !!! ... ouais mais prévoir un budget ... costaud !... L'après-midi sera consacré aux « ateliers » se tenant dans des classes du lycée. Il y en a 24 au total entre lesquels nous avons été répartis : je suis dans le C3 et le D4 avec comme sujets de réflexion : contrôle, évaluation et communication (C3), stratégies de réseaux et sentiment d'appartenance (D4). Le groupe est présidé par un meneur de jeu avec un rapporteur à ses côtés. L'ambiance n'est pas guindée (on craint toujours un peu) et finalement chacun est à même de s'exprimer librement, et l'on apprend des choses. A 18h nous en avions fini avec l'aspect travail de la journée et allions nous rendre à pieds (et sous la pluie) à la cathédrale Saint Jean Baptiste pour l'office de 18h30 célébré par l'évêque du lieu Mg Marceau. Ce monument du 14ème siècle fondé par le roi Sanche de Majorque à nef unique, chevet à trois absides et grand orgue classé (fin XVème) sera pratiquement plein. Très belle cérémonie que j'ai ressentie très priante avec pour l'offertoire le défilé de porteurs de pancartes avec le nom de toutes les provinces de France et d'outre-mer représentées et la participation de la maîtrise des Petits Chanteurs de Saint Grégoire (tiens tiens ...) Ce n'est que lentement que la foule s'écoula de ce lieu vénérable pour se répandre sur l'esplanade et emprunter de petites rues pour se rendre à la chapelle Saint Dominique toute proche, dépendance du couvent royal des Dominicains de Perpignan, pour le grand dîner festif. C'est par un immense portail en plein cintre et bois massif que nous sommes entrés dans ce qui était en fait la salle capitulaire, immense elle aussi avec un éclairage en couleur et indirect faisant ressortir la hauteur de la voûte. Des centaines de tables décorées étaient disposées là pour accueillir sûrement plus que 650 personnes avec les invités. Je dois avouer que nous en sommes restés quelque peu pantois ! A l'opposé des hautes verrières, une estrade aménagée pour les spectacles et décoré des couleurs emblématiques du Languedoc-Roussillon, le rouge et l'or. Tout ce monde ayant fini par trouver place, on s'attendait presque à voir surgir des hérauts avec leur longue trompette pour nous annoncer le souper du roi (du roi Sanche bien entendu) ... mais faute de trompettes, croyez m'en, ce souper lui fût vraiment royal... Vous le décrire j'y renonce me limitant au menu : soupe de champagne, foie gras de canard et son chutney, zarzuela, trou catalan, grenadin de veau à la crème de morilles, gratin dauphinois et son bouquet de légumes, péché mignon d'Elodie, je vous laisse imaginer mais non sans préciser que nous devions ce festin aux chefs de SCOLAREST et leurs collaborateurs ainsi qu'aux élèves du Lycée Hôtelier  Léon Blum de Perpignan et leurs professeurs. Après le trou catalan, une troupe folklorique nous interpréta une série de danses locales dont la célèbre sardane, cette « jolie sardane« que Charles TRENET natif de Narbonne a chanté : Qu'elle est jolie la sardane / Que l'on danse la main dans la main /Au pays des tramontanes / Jeunes filles jeunes gens l'aiment bien / Et même les vieux de l'Arcane / La martèlent sur les pierres du chemin / Ils la connaissent la sardane / Ils l'ont chantée quand ils étaient gamins (Bis) Amis c'est la fête à Collioure / On a pavoisé le vieux port / Et devant la mer qui l'entoure / Voici l'éternel clocher d'or / Sur les galets verts et roses / Les barques aux tendres couleurs / Commencent la métamorphose / De leurs voiles changées en fleurs / Et sous la lune vagabonde / La sardane forme sa ronde / Qu'elle est jolie la sardane / Que l'on danse main dans la main / Du pays des verts platanes / Elle vole jusqu'au pays voisin / Ce soir combien d'amourettes / Vont éclore dans les cœurs de vingt ans / Combien vont perdre la tête / Oh toi sardane du pays catalan. danse qui fut interdite en Espagne sous Franco parce que trop identitaire et devenue dès lors celle de la liberté pour les Catalans d'au delà comme d'en deçà des Pyrénées. Avant le dessert nous serons invités à nous lever tous, à allumer la bougie sur chaque table et , après extinction des lumières, nous prendre par la main pour un pas de sardane tandis que le groupe folklorique évoluait parmi nous. Ainsi s'acheva cette soirée formidable alors qu'il était largement passé minuit. Dans la ville endormie et toujours sous la pluie par petits groupes nous regagnâmes nos hôtels. Lendemain, Dimanche 5 Avril, nous sommes debout à l'heure pour reprendre le bus direction Palais des Congrès. Le temps est encore couvert, il pleuvasse. Cette matinée sera longue car nous sommes tous un peu fatigués de la veille il faut dire. Nous nous retrouvons (moins nombreux toutefois que précédemment ...) dans le même amphithéâtre avec une première intervention, celle de Monsieur Éric de LABARRE, universitaire Bordeaux-Montesquieu, Secrétaire général de l'enseignement catholique, venu récemment donner une conférence à la Réunion. Nous sommes loin de l'époque où les établissements d'enseignement privé catholiques étaient des « corps étrangers » et la loi de 1959 dite loi Debré a bien défini les rapports entre l'État et ces établissements et ce au nom de la liberté d'enseignement comme au nom de la liberté de croyance. L'enseignement privé est partie intégrante de l'éducation nationale, au service de la Nation, dans un partenariat (relevant de la gouvernance, justement ) tout en gardant sa spécificité, son caractère propre, ce qui est un vrai challenge en fait : maintenir un équilibre entre une ouverture à tous quelles que soient les convictions (philosophiques, religieuses, politiques) et conserver son orientation chrétienne, plus spécialement catholique. Il semblerait que cela fait débat dans la « hiérarchie » mais quoi qu'il en soit au juste il est évident qu'il y a deux risques à éviter : celui d'un enfermement « confessionnel «  et celui d'un copier-coller pur et simple de l'enseignement public. Étant sous contrat, donc par définition non administré, l'enseignement privé catholique dispose à cet égard d'espaces de liberté. Mais pour revenir au plan pratique qui est le nôtre à l'OGEC, Daniel et moi, nous avons été amenés à rencontrer le directeur des affaires scolaires de la commune pour discuter de ce fameux forfait d'externat selon lequel elle est tenue de participer aux frais de fonctionnement (exclusivement et hors dépenses de type caractère propre) de l'établissement, à hauteur de ce qu'il est pour un établissement public équivalent, déduction faite des frais de personnels pouvant être mis à disposition par la commune (ASEM, dames de cantine). Il a fallu près de trois ans pour que son montant soit arrêté, voté et commence d'être débloqué mais nous comprenons tout à fait les propres difficultés des communes face à toutes les obligations qui sont les leurs. Autre challenge, étant par nécessité des établissements payants (à l'encontre de l'enseignement obligatoire, gratuit et laïc) le montant de la participation demandée aux parents ne doit pas avoir pour conséquence de les réserver à une certaine catégorie sociale. Sur ce plan là tout autant, ils doivent être (du moins doit-on s'y efforcer) ouverts à tous. Ceci dit çà reste un choix pour les familles. Nous aurions aimé avoir plus de « retours » sur ces fameux ateliers de la veille, sans doute plus tard car le temps faisait manifestement défaut. La difficulté de recrutement des bénévoles est apparue clairement. Nous avons appris sur place que certains établissements de Métropole qui couvrent le primaire et le secondaire n'ont en fait qu'un seul OGEC par manque de volontaires, que la plupart des présidents et trésoriers sont des retraités, depuis des années, certains aujourd'hui très âgés... Sans nier le fait qu'il existe des cas d' « incrustation » de la part de certains, il y a problème, c'est clair. Alors que nous a-t'on conseillé à ce sujet? D'abord se rappeler qu'une association doit inscrire le recrutement dans ses objectifs prioritaires. Où trouver les bénévoles ? Chez les parents d'élèves et anciens élèves qui s'avère être le vivier principal, les anciens élèves eux mêmes, du côté de la paroisse, les relations personnelles. L'ennui c'est que la plupart des gens qui travaillent toute la semaine ne disposent guère de temps en dehors de celui déjà consacré aux activités des enfants, voire à d'autres bénévolats. Mais avons nous suffisamment fait appel à l'extérieur? Se faire mieux connaître (l'APEL l'étant bien davantage que nous en fait parce que plus proche des élèves) et puis - c'est une idée neuve à tenter - se tourner vers des jeunes en quête de stage (dans la mesure où celui ci ne sera pas rémunéré) voulant faire une expérience dans le mouvement associatif. Pourquoi pas ?... mais combien y resteront après ?... On dit ici « Pas capab' l'est mort sans essayer » alors il faudrait quand même tenter quelque chose dans cette voie. La dernière intervention (last but not least) fut celle de François MOOG, docteur en Théologie, directeur de l'ISPC (Institut Supérieur de Pastorale Catéchétique) ... Assez jeune, plutôt bien de sa personne fort bien mise de surcroît quoiqu'un tantinet ... imbue d'elle même, nous eûmes droit plus d'une heure durant à un exposé sûrement très brillant mais qui – la fatigue aidant sûrement – nous passa assez largement au dessus de la casquette. La Foi n'est-elle pas d'avantage affaire de cœur que de raison (pour reprendre Pascal) et vouloir raisonner voire ratiociner sur ce qui est irrationnel (mystères) ou à tout le moins inaccessible à la seule raison me paraît ... vain. Restait à conclure ce que firent l'un après l'autre Jacques GIROUX, Président de la FNOGEC et Bernard NAZON, Président de l'UDOGEC66 (Pyrénées Orientales) très applaudi pour tout le travail d'organisation que ces 2 journées représentaient. Après avoir rendu nos badges, nous étions conviés à monter au 7ème (et dernier) étage pour un déjeuner libre service. De là haut belle vue sur toute la ville et le Canigou, montagne magique, car le temps s'était définitivement éclairci, le soleil revenu. Après ces nourritures terrestres, nous (le groupe Réunion seulement) devions rejoindre l'hôtel Moderne pour y attendre le car. Ce faisant nous avons traversé à pieds une petite partie de la ville, fort calme, passant devant le Castillet, franchissant le canal. En passionné d'héraldique, voici la description du blason de la ville. D'or (jaune) aux 4 pals (bandes) de gueules (rouges) – les couleurs du Languedoc-Roussillon en fait – chargé d'un St Jean Baptiste (patron de la ville) debout, auréolé tenant un agnelet. Perpignan qui en catalan s'écrit Perpinyà vient de Per (Pierre en catalan) et Pinyà qui est un nom de famille, celui d'un berger des montagnes, souffrant de solitude et qui, assis près de la source de la Têt et regardant l'eau couler vers la plaine loin en contrebas, se décida à en suivre le cours et il arriva ainsi à l'endroit où il devait demeurer et qui devint la ville de Perpinyà. Le car allait nous mener à une quarantaine de kilomètres à l'ouest de la ville, dans un premier temps jusqu'à la très ancienne abbaye de Saint Michel de Cuxà (en catalan prononcez Couchà) sur la petite commune de Codalet, (3Kms de Prades) à 430 mètres d'altitude. Nous sommes ici au cœur du Conflent ou vallée de la Têt, avec en amont la Cerdagne, en aval le Ribéral. Lu à propos de l'abbaye qu'' il est des lieux qui tirent l'âme de sa léthargie, des lieux enveloppés, baignés de mystère, élus de toute éternité pour être le siège de l'émotion.  C'est tout à fait çà. Datant du Xème siècle, avec son cloître partiellement détruit, second en importance après Moissac, sa tour lombarde (la seconde s'est écroulée) son église abbatiale comportant des arcs en fer à cheval (influence sarrasine), sa crypte, et puis ses vergers d'amandiers et de pêchers en fleurs par dessus lesquels se dresse le massif du Canigou enneigé, Saint Michel de Cuxà qui se trouvait aussi sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle (chemin dit du Piémont) m'a laissé une impression inoubliable. Elle abrita jusqu'à une vingtaine de religieux. Il n'en reste que cinq aujourd'hui, assez âgés, logeant en dehors de l'abbaye mais y célébrant l'office chaque jour (public admis le dimanche), s'occupant de la taille des vignes et des vergers attenants, produisant un peu de miel. Dans un deuxième temps, nous avons poursuivi un peu plus loin jusqu'à Villefranche de Conflent (49 Kms de Perpignan) ville fortifiée par Vauban, au confluent de la Têt et du Cady, très pittoresque, construite en marbre rose des Pyrénées (jusqu'aux trottoirs sur lesquels nous marchions ...) classée parmi les plus beaux villages de France. Le Fort Libéria bâti sur une crête la domine. Bâti lui aussi par Vauban après la division de la Catalogne entre la France et l'Espagne, il est relié à la ville par un escalier souterrain. Les empoisonneuses dans l'affaire Marquise de Brinvilliers sous Louis XIV y furent incarcérées et l'une d'elles dit-on y survécut quinze ans !... L'après midi étant bien avancée, nous reprîmes la route du retour, sans plus d'arrêt. Avant de quitter le car devant l'hôtel Ibis, je souhaitai bon voyage de retour au groupe-Réunion puisque là se séparait notre route et je profitai de la soirée pour me rendre à la gare (à une petite demi-heure) prendre mon billet pour le lendemain. Lundi matin 30 Mars, bon réveil après une bonne nuit, petit déjeuner copieux car je n'arriverai à Bordeaux-St Jean que vers 14heures. Une demi heure avant le départ je suis devant cette gare dont Dali (Salvador), génial autant que farfelu, disait qu'elle était le centre du monde sidéral (sic !) (il prenait le train pour  monter à Paris). Peu après le départ, avant Narbonne, nous longeons l'étang de Leucate, immense, avec sur ses rives ces « roseaux mouillés » dont parle « le fou chantant » (encore lui) dans « la mer «  : « Voyez, près des étangs, ces grands roseaux mouillés / Voyez ces oiseaux blancs et ces maisons rouillées / La mer les a bercés le long des golfs clairs / Et d'une chanson d'amour, la mer a bercé mon cœur pour la vie. ». J'ai changement à Toulouse-Matabiau car ce train continue sur Paris par Cahors et Vierzon. Je n'y gagne pas à ce changement, l'autre est déjà plein et j'ai du mal à trouver ma place, fort mal placée au demeurant. Néanmoins le temps passe vite et après avoir traversé cinq départements : Pyrénées Orientales, Aude, Haute Garonne, Tarn et Garonne, Lot et Garonne et Gironde (soit 460 kilomètres SNCF) me voici arrivé à la gare Saint Jean. Simone m'y attend, sortie côté taxis, comme il y a onze ans, et comme il y a onze ans je me plante et dois revenir sur mes pas ... mais aussi c'est plein de travaux !... Joie et émotion ... vous pensez ! Pas changée ma Simone ... un peu plus voûée peut être, enfin pour trouver quelque chose quoi ... et nous allons à petits pas jusqu'à l'arrêt bus laissant passer le tram flambant neuf dont l'alimentation électrique se fait par le bas, donc pas de caténaire, l'esthétique y gagne. A Caudéran la pelouse du parc des Tourelles en face du 16 de la rue Ste Élisabeth est toute blanche de pâquerettes. Mais Louis n'est plus là pour m'attendre sur le perron avec sa canne ... Sim a prévu pour ce soir une petite réception en mon honneur. Il y aura Colette et ses trois enfants (Gabriel, Hugo et Margot), François bien sûr, Véronique et Jeannot (les « voisins » de Cestas) en compagnie d'Annie et Alain venus les voir. Céline à Pau avec ses trois gars, Henry à Paris en semaine pour son travail, Agnès et Yves trop loin eux aussi à Barbezières, nous manqueront mais on se dira quand même un p'tit bonjour par téléphone. Le lendemain (Mardi 31 Mars) nous profiterons du balcon Simone et moi, pour prendre le soleil avec nos chapeaux tandis que la chatte (celle de Céline) se prélasse elle aussi sur le toit de tuiles. Dans le jardin le lilas fleurit déjà ainsi que le tulipier. Tout est en bourgeon, la Nature explose. Le Printemps est roi. Comme Annie et Alain doivent remonter en Touraine le lendemain Mercredi 1er Avril ils m'ont proposé de m'emmener et me déposer à Tours-Nord chez Odile et Gilbert. Épatant ! Ma première étape s'achève ... Première à t'avoir revue, première à te quitter ... quoique ce mot me déplait ... je m'éloigne seulement dans l'espace ... ce sera la même chose avec les autres. Au cours de ce trajet Bordeaux-Tours par l'autoroute, route sèche et ciel bleu, nous aurons l'occasion de bavarder tous les trois de choses et d'autres, des uns et des autres de la famille. Nous arrivons vers les midi à Chagall, 2ème étape de mon périple familial. Étreintes fraternelles et prolongées avec ma « cadette » et Gilbert, je dirai « notre » Gilbert parce qu'il est, aussi, notre dernier beau-frère vivant. Cœurs brûlants. Odile a préparé une très jolie table pour tous les cinq et nous y faisons honneur. Tandis qu'Annie et Alain vont reprendre leur route jusqu'à Bouloire, tous les trois nous apprêtons à rendre visite à Jeannette, à l'Ermitage, sur les hauteurs de Sainte Radegonde. Certes Agnès, Odile et Antoinette m'ont préparé quant à son état physique, très fragile, mais malgré moi j'ai le cœur serré d'appréhension. Couloirs d'hôpital ... la voici, assise près de son lit, qui nous attend. « Louis est là » dit Odile. « Ah, mon p'tit Louis» et ce sourire merveilleux qui vient illuminer son visage amaigri et que je n'oublierai plus jamais... Mon cœur se détend d'un coup et nous nous laissons aller l'un et l'autre à notre émotion. Nous nous rendons dans la salle commune d'où l'on domine la Loire et la ville de Tours pour bavarder. Elle me dit alors  « Tu as une cravate jaune » et c'est vrai ! Je me suis demandé si, au fond, il ne valait pas mieux la cécité complète qui pratiquement ne changerait rien pour elle, plutôt que ce « flou », peut être encore plus éprouvant moralement. A travers les larges baies vitrées la ville, par delà le fleuve, s'étale dans une brume de chaleur. Mais cette journée n'est pas finie pour autant puisque nous attendons cousin Michel pour dîner. Heureux, très heureux de nous revoir, dommage seulement qu'Annick souffrante n'ait pu l'accompagner. J'avais regretté la dernière fois de ne pas avoir eu le temps d'aller jusqu'à chez eux à Fondettes. Je ne le trouve nullement changé physiquement, même après son grave accroc de santé. Toujours autant super-actif avec un jardin de 2000 m2 et autres travaux de maison. Il a extrait pour nous de sa cave deux bonnes bouteilles et deux pots de ses excellentes confitures maison. La nuit est tombée depuis un bon moment et nous allons quitter Chagall ensemble puisqu'Odile et Gilbert préfèrent rentrer à Azay sur Indre où il y a davantage de place. Je ne reconnaitrai pas grand'chose de l'itinéraire car il fait noir et puis aussi je suis un peu fatigué. Une petite chambre mansardée entre celle de Marc et le bureau de Gilbert m'attend pour une nuit douillette et sans rêve. Jeudi 2 Avril, je suis réveillé avant six heures mais après avoir dormi d'une traite, donc bien reposé. Je flemmarde sous la chaude couette aux motifs japonais tout en repensant aux évènements passés. Le jour filtre à travers les volets. Mais ... c'est le coucou !... eh oui !... çà faisait longtemps. Je pousse doucement les volets et je vois le soleil se lever tout rouge ... Il y a un peu de brume sur la rivière. Il fera beau. Après le petit déjeuner nous faisons le tour du propriétaire, parcours pentu d'ailleurs, bon pour les mollets. Je comprends que çà leur soit tapé dans l'œil ! Très agréable avec sous sol occupant toute la surface de la maison en fait et où Gilbert a installé son atelier de sculpteur sur bois. Vu sous la neige de l'hiver blanc 2009 c'est carrément « ma cabane au Canada » ... Et pour ce qui est de cabane, « Panpan » n'est pas le plus mal servi... heureux lapin il m'a semblé ... Etant dans un fond, pour téléphoner avec un portable il faut « monter sur la colline » (comme Joe Dassin allait y siffler...) Dans un vieux chaudron à cochons, les muguets pointent leurs têtes vertes dont l'une est déjà entrouverte, l'herbe est tapissée de violettes et de coucous et en haut de la pente, à la limite des champs, l'aubépine est en fleur (Bel aubespin, fleurissant, verdissant, etc ...), sans oublier les narcisses et les jonquilles que soigne Odile. Mes Azéens vont me déposer dans la matinée à Montrésor où nous tombons dans les bras l'un de l'autre Toinette et moi, elle y allant de sa petite larme. Oui c'est bon de se retrouver, çà fait vraiment chaud au cœur. Le pommier du japon contre le vieux mur est en pleine floraison, magnifique, et puis à l'intérieur je retrouve, là aussi, une potée de sanseveria de la Réunion plus verts et plus beaux que sur place ... c'est dire s'ils s'y plaisent (peut être à cause de moi ?...) Christian et Nelly qui rentrent justement de Perpignan sont invités pour le café, chaudes retrouvailles car ce sont vraiment de bons amis. Nelly a maigri, ce qui est bon signe, Christian toujours aussi dynamique. Il a apporté son ordinateur portable pour nous montrer un peu la famille, les filles, les petits enfants, Roland le vieux frère dans leur maison parmi les oliviers. Bien entendu nous reparlons de Perpignan où ils partagent leur temps avec la Touraine, et aussi de Collioure. Vendredi 3 Avril, nous allons à Marigny-Marmande, Résidence Saint Vincent, voir Marie-Louise, notre aînée, 88 ans, où elle sera en compagnie d'Hélène et Françoise. Peu de temps avant mon départ nous avions reçu une photo où elle est avec son dernier petit enfant (Thomas, le fils des petits Bignon, Anne-Laure et Jérôme) et nous lui avions trouvé très bonne mine, impression tout à fait confirmée malgré ce problème d'aphasie mais elle suit toute la conversation et ses yeux m'exprimeront davantage tout ce qu'elle ressent. En revanche la mobilité est réduite avec le fauteuil roulant. Nous ferons « quatre heures » tous les six dans cette chambre tapissée de quantité de photos de famille, de toutes les générations. Tu auras donc été la dernière sur mon parcours, ma « Lisette », car demain il me faudra remonter sur Paris. Mais ce soir à Azay nous attendons Marc. La dernière fois c'était à Bruyères et nous avions fait des paniers ensemble dans le jardin, c'était au mois de Mai, on avait dîné dehors. Grand gaillard lui aussi, passionné de photos d'art (sachant de qui tenir après tout) et de surf, ayant apprivoisé un rat, animal qu'on savait très intelligent, mais auquel il peut faire faire des choses plutôt étonnantes. Odile ressortira l'album-journal de leur venue tous les 3 à la Réunion en Août 90. Souvenirs ! Eh oui ! ces deux p'tits là ont bien poussé depuis !... Samedi 4 Avril, après le déjeuner, Odile fait un saut à Montrésor prendre Antoinette pour le café, qu'accompagnent les petits sainte maure en chocolat et les cages de fer de Loches, aux délices d'Agnès Sorel ... Nous partons tous les cinq pour la gare de Tours. Les gares ... Orly ... où les uns arrivent d' autres partent ... « çà m'fait d'la peine mais il faut que je m'en aille... » sûr ... La compagnie de Marc durant ce trajet jusqu'à Mont parnasse me fera un peu oublier. Une heure de TGV (et encore du dernier cri !...) c'est vite passé. Jacques nous attend en bout de ligne, il me guette mais c'est moi qui le vois en premier. Marc doit filer sur la Défense avant de rentrer à la Pierre Levée. Jacques est garé tout près dans le parking souterrain. Il branche son GPS, aide à la navigation routière en quelque sorte, une découverte pour moi, mais attention, il peut y a avoir des mises à jour manquantes (nouveau sens interdit par exemple ... ou déviation ...) mais quant au reste c'est formidable. Jacques connait la route bien entendu mais il voulait me montrer çà. A la Ville du Bois, Paulette-Méry est en pleine préparation de « pains d'épice aux parfums de son île » spécialité qu'elle s'est découverte ce qui n'est pas surprenant puisque Jacques, à la retraite, s'est reconverti dans l'apiculture. Du four se dégage des effluves exotiques ... Leur fils Thierry, 22 ans et Magalie (Portugaise) rentrant d'un voyage d'une semaine en république dominicaine, passent juste pour me dire un petit bonjour mais ils sont fatigués et ont hâte de rentrer chez eux. Dimanche 5 Avril, jour des Rameaux, Paulette-Méry m'emmène à pieds à l'église de la Ville du Bois où la foule est rassemblée sur le parvis avec les traditionnelles branches de rameau mais aussi d'olivier, ce qui est assez rare ici, au Nord de la Loire. La communauté portugaise est importante dans le coin et ce depuis longtemps. Magalie est née ici où ses parents vivent depuis près de trente ans. Au retour de la messe, P.M. me fait passer devant l'endroit où vécut Ambroise Paré, père de la chirurgie moderne, inventeur de la ligature des artères. J'admire dans les cours et jardins la beauté somptueuse des magnolias en fleurs (des magnolias par centaine ...) et aussi quelques camélias. Après déjeuner nous allons faire un tour à la foire au miel installée dans le grand parc du château de Gillevoisin (commune de Janville sur Juine) où se trouve le siège des Apiculteurs de l'Essonne, puis, et ce sera l'ultime étape de mon circuit, comme je l'avais souhaité, un arrêt à la basilique Notre Dame de Bonne Garde de Longpont sur Orge qui pour les « jacquets » était la première étape du pèlerinage de Compostelle au départ de Paris. De retour à la maison, je n'ai plus qu'à boucler mon sac et nous partons pour Orly. Je n'ai pas parlé du temps ces derniers jours mais il fût magnifique jusqu'au bout et une fois passé les contrôles, j'ai regardé le soleil se coucher, tout rouge comme il était à son lever à Azay. Je ne retrouverai personne de connaissance dans l'avion (mis à part Monsieur Ecormier, de la Météo) qui cette fois est plein, beaucoup de touristes il m'a semblé. Je suis mal placé, au milieu, entre deux personnes, néanmoins je vais pouvoir dormir un peu. Je n'aurai pas emporté le soleil avec moi car à la Réunion il a fait et continue de faire un temps exécrable depuis le samedi. Ce Lundi matin 6 Avril, nous atterrissons dans la grisaille. Yvette m'attend à la sortie avec Josiane qui nous ramène en voiture « at home » sous des grains de plus en plus violents au fur et à mesure que l'on s'en rapproche. Il me reste à conclure ... et que dire sinon que ce voyage s'est déroulé de façon parfaite, sans aléa de santé ou autre, qu'il m'a procuré beaucoup de joies, joies partagées, et que j'en garde au cœur une infinie reconnaissance.

Saint-Benoît, île de la Réunion, achevé le 30 Avril 2009

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