Une "battante" ...

Un  nom souvent apparu au bas de l'écran TV lors de grands reportages (chute du mur de Berlin, guerre des Balkans, conflit israélo-palestinien au Liban, guerre en Irak, ...) que celui de  Mémona HINTERMANN qui depuis 25 ans parcourt la planète là où çà va mal. Réunionnaise originaire du Tampon,  elle est revenue dans son île pour présenter son autobiographie "Tête haute" éditée chez JC Lattès. Un titre qui d'ailleurs la caractérise tout à fait.  Je l'ai moi même connue sur le petit écran (noir et blanc) à ses débuts en 70 comme "speakerine" au journal TV local alors qu'elle achevait ses études à l'université de la Réunion (encore "annexe" de celle d'Aix-Marseille).  Déjà sa personnalité était très affirmée. Elle n'avait pas froid aux yeux quand il s'agissait d'interviewer des personnalités venues de métropole et ses questions directes les déconcertaient même parfois... Cinq années plus tard elle "sautait la mer" comme on dit ici pour Orléans y présentant le journal régional avant de devenir grand reporter, son ambition.  Son professionnalisme voire sa témérité au service de l'information ont été reconnus au point de lui valoir la Légion d'honneur.   On peut imaginer la foule d'anecdotes  ( le tragique côtoyant parfois le comique et le grotesque) qu'elle a pu ainsi emmagasiner et restituer aujourd'hui dans son livre dont le titre en effet est très révélateur.  Car Mémona  n'a pas eu une enfance bien heureuse : Affejee est son nom de jeune fille, celui d'un père ( Kassim) musulman paresseux et alcoolique,  marié à une créole catholique d'origine bretonne, ayant fini par l'abandonnant en pleine déchéance avec sept enfants.  Mais avec beaucoup de courage celle ci sut réagir et s'évertua à élever sa progéniture dans la dignité et surtout en l'incitant à se battre dans la vie.  "Si tu veux tu peux" disait-elle.  La petite Mémona (avouant aujourd'hui avoir dû parfois chaparder pour calmer sa faim) devait retenir la leçon.  Intelligente, travaillant bien à l'école elle y est remarquée et va s'accrocher pour réussir ses études car c'est à ce prix qu'elle gagnera son indépendance.  Elle l'a bien compris.  Ainsi prendra t'elle sa revanche sur la misère, sur l'humiliation subies dans son enfance, s'imposant à ceux qui doutaient d'elle, pouvant désormais porter la tête haute et ce jusqu'au terme de sa carrière. Entre temps Mémona s'était mariée à un grand journaliste reporter le couple ayant eu deux enfants. Bien que sa vie se soit déroulée loin de son île elle ne l'a pas oubliée pour autant dans son livre, ni le souvenir de sa mère dont elle fut la fierté,  elle qui lui répétait si souvent si tu veux tu peux)  Chapeau Mémona !