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27 avril 2008 7 27 /04 /avril /2008 11:31

Récemment j’ai relu « Pour saluer Melville » de Jean Giono à la suite de quoi j’ai écrit un petit texte sur mon blog insistant sur la place tout à fait à part que ce livre occupe dans l’œuvre gionienne, en fait demi-biographie d’Herman Melville (l’auteur de Moby Dick que Giono venait de traduire en collaboration avec Lucien Jacques et Joan Smith), l’autre moitié étant de pure fiction (voire !..) Je renvoie éventuellement à ce texte (dernier en date sur crosnierlyd -latitudesud) n’en faisant mention ici que pour la coïncidence car coïncidence il y a entre lui et ma découverte, très peu de temps après, sur internet, de ce qui pourrait justement expliquer l’étrangeté de cette pseudo-préface. Il s’agit d’une communication à l’Académie royale de langue et littérature française de Bruxelles en date de Juin 2004 de l’écrivain et libraire franco belge Hubert Nyssen, fondateur de la collection « Actes Sud » (vous savez ces bouquins de format tout en longueur aux pages jaune paille), intitulée « Enquête sur 3000 pages inédites de Giono » texte fort intéressant où l’auteur avait fait preuve d’un sacré flair quand, il y a une vingtaine d’années, et ayant relu comme moi « Pour saluer Melville », il avait subodoré « anguille sous roche » et qu’il fallait selon lui  « cherchez la femme … »

[Pour lire l’intégrale de cet article demander sur Google « Jean Giono et Blanche Meyer » puis ouvrir « Enquête sur 3000 pages de Giono »]

         Un peu « estomaqué » tout de même par cette « révélation » (moi qui croyais tout savoir sur Giono…) j’ai « remonté » à partir de là l’information et me suis aperçu qu’en fait elle avait déjà été rendue publique en Juin de l’année dernière par la sortie du livre d’Annick Stevenson, une journaliste américaine, « Blanche Meyer et Jean Giono » aux Editions Actes Sud précisément.  Vous l’avez deviné il s’agit d’une liaison (tenue jusqu’alors secrète) entre Giono et l’épouse d’un notaire venu s’installer à Manosque, Blanche Meyer, et qui devait durer trente ans (de 1939 à 1970 année de la mort de l’écrivain). Pas évident du tout dans une très petite ville comme Manosque à l’époque pour que leurs rencontres restent « clandestines » … Comment, en dehors de la correspondance qu’ils échangeaient via poste restante, pouvaient-ils le faire sans être repérés ?… Ce n’est en fait que quelques années plus tard, à Saint Paul de Vence, qu’ils purent devenir véritablement amants, avant que le mari de Blanche ne découvre la chose.  Leur liaison se poursuivra néanmoins mais sur un plan presqe purement épistolaire. Tous deux étaient mariés, elle avait une fille, lui en avait deux, ni l’un ni l’autre finalement n’envisagèrent sérieusement divorcer, en dépit de leur affinité intellectuelle. Le livre d’Annick Stevenson reprend en fait les souvenirs intitulés « Giono tel que je l’ai connu » laissés par Blanche Meyer à sa fille (Jolaine Meyer), artiste peintre, vivant en Amérique, peu de temps avant sa mort il y a une vingtaine d’années, soit dix sept ans après celle de Giono lui-même, et dans lesquels elle parle abondamment de leur histoire d’amour, citant de longs passages de lettres (plus de mille !...) qu'il lui adressa et qu’elle avait précieusement conservées avec quelques photos et cartes postales.  Toutes les lettres de Blanche  furent  brulées.  De son côté et pour mettre celles de Giono à l’abri, Blanche les céda à la bibliothèque de l’Université de Yale où elles se trouvent actuellement dans un « fond spécial » mais sur lequel la famille Giono a mis l’embargo au titre de la propriété intellectuelle, imprescriptible (1). Elles ne pourront donc dans ces conditions jamais en sortir ni être publiées, seulement consultées sur place et encore très exceptionnellement. Parmi les articles de presse que j’ai pu lire sur internet concernant l’évènement (le Dauphiné libéré, le Nouvel Obs, le Monde littéraire, le magazine «  Elle », les « Lettres », etc…) ce black out pourrait être levé si la famille acceptait de reconsidérer les choses, que la mémoire de Giono (et de son épouse, Elise) n’en souffrirait finalement pas, ces lettres pouvant même jeter un nouvel éclairage sur son œuvre. 

Mais j’ai découvert mieux encore (sur le site www.bibliotrutt.lu) savoir qu’entre temps une universitaire américaine, Patricia Le Page, avait soutenu en 2004 à l’université du Maryland, une thèse de doctorat en Philosophie  intitulée : « Space of passion : the love letters of Jean Giono to Blanche Meyer » ayant pu avoir accès au « fond spécial » de la bibliothèque de Yale et en ayant fait une analyse approfondie. Le texte de cette thèse (200 pages) est accessible (en anglais, citations de Giono en français) en cliquant sur le mot « site » après Post-scriptum dans www.bibliotrutt.lu pré cité.

 

(1)   Quant aux héritiers directs de Giono, il ne reste que sa deuxième fille, Sylvie, née en 1934, veuve du Docteur Durbet, ophtalmologue, et ses deux enfants, un garçon (Philippe) et une fille (Agnès). Sa sœur, Aline, est morte de maladie, célibataire.  Mais dans l’histoire je pense qu’il faut compter aussi avec la fondation Jean Giono.

D’autre part, Il existerait également quelques lettres de Giono à Blanche Meyer à l’Université Laval de la Province du Québec (Canada) ainsi que chez quelques collectionneurs privés américains, ce qui donne à penser que Blanche Meyer en avait déjà cédé quelques unes avant Yale.

Mon propos n’est pas de discuter, encore moins juger, de l’infidélité conjugale révélée d’un auteur qui se trouve être mon préféré depuis bien des années. Définitivement non. Et puis quel homme marié, quelle femme mariée, de nature fidèle, saurait en effet être hors d’atteinte d’une rencontre exceptionnelle de ce genre quand le hasard s’en mêle ? … s’agissant de quelque chose de fort (pas simple affaire de coucherie) auquel il peut être bien difficile de résister ?…

blanche-iris-1934-36-kardas.jpgBlanche Meyer, native de Nyons dans la Drôme, région proche de Manosque, avait semble t’il été mariée très jeune (17 ans) à un homme beaucoup plus âgé, notaire et notable. Elle détestait le milieu bourgeois et guindé qui était celui de son mari, cette petite ville cancanière de Manosque, loin de tout, où elle s’ennuyait, elle qui était vive, intelligente, instruite, « moderne », contrainte de se reporter sur sa fille, la lecture, quelques escapades à Marseille. C’est dans la boutique du libraire de Manosque que Giono l’aurait rencontrée la première fois alors qu’elle prenait livraison de l’ « Ulysse » de James Joyce, une nouveauté, ce qui avait intrigué l’écrivain.

 Maintenant, on peut se demander si cela est réellement important pour la connaissance et la compréhension de son œuvre que la teneur de ces lettres soit connue ou pas. Que Giono, quadragénaire, soit tombé amoureux de cette femme de treize ans plus jeune, et que cela ait eu pour effet de « réorienter » son œuvre et renouveler son style, c' est tout à fait vraisemblable, mais peut-on s’en tenir là ? Non, nous répond Annick Stevenson, car les confidences de Blanche et les lettres de Giono révèlent la nature tout à fait particulière de leur relation et de l’impacte qu’elle eut sur l’homme-écrivain dans sa manière d’écrire comme dans sa vision du monde.

Evidemment on cherche toujours à mettre un visage derrière une œuvre qu’on aime et dont la réalité peut être fort éloignée de ce que l’on imagine. De même en serait-il de Giono que la « légende » (alimentée tant par lui-même que par ses critiques et commentateurs) présente comme un écrivain provincial, autodidacte, en dehors des grands courants intellectuels, menant une vie simple et familiale, quasi recluse, inspirée de la Nature, alors que, selon Patricia Le Page, il apparait au travers de ces lettres où il se livre comme un écrivain beaucoup plus complexe, révélant chez lui une mécanique cérébrale assez particulière.

Ceux qui parlaient de son changement de « manière » à partir des années 1939/40 (et s’interrogeaient…) auraient donc eu quelque raison de le faire, contre l’avis même de l’intéressé qui se bornait à répondre à ses interviewers qu’à un moment donné de sa vie il s’était intéressé davantage à ce que pensaient ses personnages qu’à ce qu’ils faisaient.  Point.  Mais Patricial Le Page, elle, nous entraine dans un véritable « dépiautage » de sa personnalité (évoquant amour courtois et Quête du Graal…) et que personnellement j’ai trouvé assez indigeste. Il est vrai que je ne suis pas féru de psychologie…

Ce que j’ai trouvé tout à fait juste, en revanche, et résumant tout, est ce passage :

« It is clear that after the initial letters written in the heat of passion, Giono is no longer speaking to Blanche but through her to his own inner self and that the letters are a portrait of the artist interrogating his art. These letters show that Blanche’s primarily purpose for Giono was to serve as a muse for his creativity and to turn him into an artist.  Once she had fulfilled this purpose, although he still loved her, her presence was no longer essential to him.  This is why Giono did not feel compelled to marry her and perhaps why he did not feel that he was being unfaith to Elise.”

Giono en fait ne vivait que par et pour sa création littéraire, en oubliant jusqu’à la réalité, ce que son épouse, Elise a traduit dans cette réflexion : « Au fond, il n’avait besoin de personne. ». Attitude éminemment égoïste (souvent celle du grand écrivain, du grand artiste), terriblement injuste en tous les cas envers ces deux femmes : envers Blanche qui attendait plus de lui, qu’il continua d’aimer pourtant mais « idéalisée », dont il fit brûler les lettres plutôt que de les lui retourner et ce sans même l’en avertir (goujaterie !...) ce qui fut un crève cœur pour elle ; envers Elise, modèle d’épouse et de mère, tout à fait magnanime dans cette affaire, demeurant néanmoins près de lui fidèle, attentive et compréhensive jusqu’à sa mort.

Or celle-ci remonte déjà à trente sept ans (1970).

Si l’on peut comprendre l’attitude de Sylvie Durbet-Giono et sa famille dans son refus de laisser publier les souvenirs de Blanche Meyer (ceux-ci comportant de nombreux extraits de ses lettres maintenues sous embargo), en égard au souvenir de sa mère, on doit comprendre tout autant celle de la fille de Blanche, Jolaine, pour sortir sa propre mère de l’oubli injuste où on l’a laissée alors qu’elle joua un rôle significatif dans l’œuvre de l’écrivain. Pourquoi dès lors ne pas rendre cette justice ? Au fond, Giono y gagnerait, révélant un aspect méconnu de sa personnalité et de son processus de création littéraire, le rendant même plus humain, sans que soit déprécié pour autant, loin de là,  le rôle que tint Elise tout au long de sa vie.

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31 mars 2008 1 31 /03 /mars /2008 11:03

« Pour saluer Melville » occupe une place à part dans l’œuvre de Giono, non la moindre d’ailleurs car donnant le ton à ses « chroniques romanesques » d’après guerre. Au départ ce devait être une simple préface à sa traduction de « Moby Dick », la première en français, rappelons-le. fruit d’un travail d’équipe entre Giono, son ami (poète et peintre) Lucien Jacques et l’antiquaire anglaise Joan Smith installée à Saint Paul de Vence. Giono avait appris l’anglais au collège puis au lycée de Manosque et pouvait le lire assez bien dans le texte, ainsi de « Moby Dick » qu’Henry Fluchère, professeur de ses amis et grand spécialiste de littérature anglaise et américaine, lui avait fait connaitre auparavant. Il en avait été enthousiasmé. Que ce chef d’œuvre de la littérature américaine, de la littérature « de mer » en particulier (mais pas seulement car de portée très symbolique) ne soit pas connu en France près de 90 ans après la publication du texte original le poussa,  porté par son enthousiasme, à en entreprendre la traduction. De plus, il s’était trouvé quelques affinités avec Melville tenant à leurs débuts dans la vie.  L’un et l’autre avait dû abandonner leurs études pour travailler dans une banque qu’Herman pour sa part devait quitter très vite pour s’engager sur un navire marchand.  A l’âge où Giono était au front dans le secteur du Fort de Vaux (21 ans) Herman bourlinguait déjà depuis trois ans.  Il finira par renoncer à la navigation pour devenir romancier comme Giono quittera sa banque manosquine pour se consacrer entièrement à l’écriture. Pour lui aussi, la baleine blanche contre laquelle le capitaine Achab est engagé dans une lutte implacable, « prométhéenne », symbolise LA guerre, qu’il a connue jeune et qu’il a combattue dans ses écrits de 1937/38 (Lettre aux Paysans, Précisions, Recherche de la pureté) alors que grandissait la menace d’un second conflit mondial.  « Je n’ai honte d’aucune paix, mais honte de toutes les guerres »  proclamait-il dans « Précisions » début 39 au risque de se rendre suspect à quelques mois de la déclaration de guerre.  De même dans ses prises de positions publiques, notamment aux auberges de la jeunesse, dans sa lettre ouverte au ministre Daladier, il se déclarait ouvertement pacifiste intégral.  Cela lui vaudra, quinze jours après avoir été mobilisé à Digne (secrétaire au bureau de recensement), d’être incarcéré au fort Saint Nicolas à Marseille pour publications défaitistes antérieures.  Il sera finalement libéré deux mois plus tard sur un non lieu, l’autorité militaire le dispensant d’obligation de service.  Il était alors âgé de 45 ans, père de deux fillettes, ayant en outre à sa charge sa vieille mère et un oncle handicapé, et avait fait toute la guerre 14 !…

         Cette traduction avait débuté en novembre 1936.  Lucien Jacques, autodidacte, ne connaissait pas du tout l’anglais.  Joan Smith commença donc par écrire pour lui un mot-à-mot qu’il retranscrivait en français, texte revu ensuite - et au fur et à mesure de sa progression - en commun avec Giono occupé par ailleurs à d’autres publications.  Au moment de sa mobilisation en septembre 1939 ce travail était achevé et avait déjà paru en épisodes dans les « cahiers du Contadour ». Restait donc à en rédiger la préface pour la publication chez Gallimard. 

         Si le texte n'en fut pas rédigé en prison à proprement parler (car Giono y était au secret) c’est bien dans sa cellule en tous les cas que fut « conçu »  Pour saluer Melville  ce qui lui fut, selon ses dires, une thérapie efficace contre l’isolement.  A sa sortie du fort Saint Nicolas il rédigea presque d’une traite ce qui n’était plus une préface mais un court roman brodé sur la vie de l’auteur, Herman Melville, citoyen américain, né et mort à New York (1819 – 1891), aidé par une abondante documentation que lui avait fournie une étudiante américaine qu’il avait d’ailleurs reçue chez lui alors qu’elle préparait une thèse sur ses romans.

Melville, issu de vieille souche écossaise, avait sept frères et sœurs. La mort du père, négociant ruiné, laissait toute cette famille dans la gêne. Maman Maria Melville, protestante stricte, aurait certes préféré voir Herman casé une bonne fois à la banque où il était entré et où il pouvait gravir les échelons (ce qu’avait fait Giono) mais c’était sans compter avec l’esprit aventureux du rejeton. La misère sans doute mais aussi sûrement l’esprit d’aventure  avaient poussé autrefois ses ancêtres vers le Nouveau Monde.  L’attirance de la mer, irrésistible, le poussa à son tour à embarquer une première fois sur le « Saint Lawrence » comme simple garçon de pont,  « catégorie professionnelle » à qui revenaient les plus sales et rudes boulots.  Le grand gaillard qu’il était : un mètre quatre vingt six, quatre vingt six kilos, larges épaules, front nez et mâchoires puissantes, gagna en « sveltesse » à ce régime…  De retour en Amérique il devint instituteur tout en commençant d’écrire le récit de ses premières expériences maritimes, tâtant aussi d’un peu de journalisme.  Mais au bout de trois ans l’envie de repartir le reprit, décidé cette fois d’aller plus loin sur les océans et dans l’aventure.  A Nantucket il s’enrôla donc sur un baleinier, l’ « Acushnet »,  en partance pour une saison de chasse de quinze mois dans le Pacifique via le Cap Horn.  Il allait être servi !...Leur capitaine était un homme intraitable, champion du coup de pied au cul, au coup de poing tout aussi facile, à la moindre incartade voire au gré de son humeur de chien. L’équipage l’avait surnommé « la roue » car il semblait que ses coups fusaient en tournoyant de ses quatre membres à la fois … C’est à bord de l’ « Acushnet » qu’Herman entendit parler de Mocha Dick, une énorme baleine toute blanche, « white sperm whale » comme on la désigne en anglais, un cachalot en fait, d’une espèce très rare. Elle avait été vue la première fois près d’une petite île de la côte chilienne appelée Mocha.  Plusieurs baleiniers avaient tenté en vain de la harponner.  L’animal était « diaboliquement » rusé,  défiant les plus fins harponneurs.  Aucun fer planté dans sa chair (et Dieu sait s’il y en eut !...) n’avait pu l’atteindre en un point vulnérable.  Plusieurs bâtiments avait coulé après qu’elle se soit acharnée sur eux, comme il en avait été de l’ « Essex » en 1819 où tout l’équipage avait péri. La légende s’en était emparée, enflammant les imaginations, et nul n’osait plus provoquer ce nouveau Léviathan.  Nous avons là la genèse de ce qui deviendra « Moby Dick » sous la plume de Melville.  Mais, lassé de la férule de leur irascible capitaine, Herman et un compagnon matelot décidèrent de déserter l’ « Acushnet » alors que celui-ci relâchait à proximité d’une île des Marquises, Nuku-Hiva, où l’une des deux tribus locales antagonistes, les Typees, avaient des mœurs cannibales. Ils ne devaient pas pour autant finir sous la dent de ces sauvages mais tolérés chez eux quoique surveillés.  Ils purent néanmoins leur échapper grâce à l’apparition d’un whaler, la « Lucy Ann » qui les recueillit. L’aventure n’était pas encore terminée pour eux car une mutinerie éclata à bord au large de Tahiti à laquelle Herman et son compagnon furent contraints de participer.  Celle-ci ayant tourné court ils furent emprisonnés avec les autres mais purent s’évader et rejoindre l’île de Moorea.  De là ils purent s’embarquer sur un navire qui les déposa à Hawaï.  Herman décida d’y rester quelque temps ayant trouvé à s’employer dans un entrepôt. Il n’était plus qu’un grand escogriffe, du genre épouvantail à moineaux !...  Il avait alors vingt cinq ans.  De retour à New York, il s’engagea à nouveau sur une frégate et au retour acheva son « Typee : a peep at polynesian life » (qui paraitra en 1946) récit de son aventure chez les cannibales avant d’entamer « Omoo, récits des mers du Sud » qui en est la suite et où il écrit : « Le terrien à l’horizon limité peut croire en l’existence d’îles heureuses. Mais l’océan élargit la vision. Il est vain d’espérer retrouver le paradis perdu.  S’enfuir, réembarquer, malgré la dureté de la vie, refuser la léthargie spirituelle pour l’inquiétude… mon humaine condition.»

En 1847, à vingt huit ans, il se maria à la fille d’un Procureur du Massachussetts et continua d’écrire : « Mardi » puis « White jacket » qu’il décida de faire éditer à Londres par crainte de la censure pour y avoir égratigné passablement les autorités locales. Il se rendit donc en Angleterre en grossière tenue de marine avec son manuscrit, débarqua dans la capitale où il se vêtit à la mode du temps pour ne pas choquer et où il rencontra un compatriote, romancier déjà célèbre, Nathaniel Hawthorne,  avec qui il sympathisa.  

Jusque là, l’ami Giono a suivi scrupuleusement la biographie de son héros … mais c’est aussi à partir de là qu’il va s’en éloigner pour lui inventer une rencontre « idyllique » avec une jeune femme anglaise, mariée comme lui, lors d’un voyage en malle-poste de Londres à Bristol.  Herman a une bonne épouse, un fils, il ne cherche pas d’aventure extra conjugale mais il est néanmoins charmé par la délicate personnalité de cette jeune femme.  Durant les trois jours que durera le trajet, dans la « patache », dans la salle commune des relais,  en se dégourdissant les jambes aux arrêts, ils parlent de choses et d’autres, de leur vie respective, de la société (anglaise pour elle, américaine pour lui), de la Nature, de littérature aussi qu’elle aime, ayant le loisir de pouvoir lire beaucoup.  Des silences, nullement pesants, ponctuent leurs conversations dont on se demande par moments si elles ne sont pas monologues selon une technique d’écriture assez particulière nous donnant à penser qu’ils se parlent assez peu en fait tout en ressentant beaucoup de choses en commun.  Herman n’a pas dit qu’il avait été marin et vagabond.  Aussi au deuxième jour du voyage, le voyant arriver vêtu en gros drap de marine avec une casquette idoine, elle rit de ce qu’elle appelle son « déguisement ».  « Mais non, j’ai bien été marin, vous savez » - « Really ! » - « C’est plus comfortable pour voyager que redingote, pantalon à sous pieds et chapeau claque, you see ».  Il a cru percevoir dans les yeux pervenche de la jeune femme plus d’admiration que d’étonnement.  L’homme est solide, le teint basané, les mains puissantes et brunes … les yeux bleus aussi mais plus clairs avec une petite touche de vert … et il écrit des histoires de mer… Elle avait dû deviner… Son mari à elle est un paisible hobereau du Pembrokeshire, à la limite du Pays de Galles, où ils mènent avec leur petit garçon, leurs domestiques, une vie confortable, assez monotone … En présence de cet inconnu « sympathique », aux étranges manières notamment de parler des choses, c’est comme une bourrasque chargée de senteurs et d’embruns qui s’ est engouffré dans sa tête et son cœur … mais en tout bien tout honneur …  De son côté, Herman qui aime son épouse, prévenante, de sens pratique, bonne ménagère, indulgente sur les lubies de son grand rêveux de mari, a deviné chez cette inconnue un monde intérieur assez semblable au sien finalement.  Arrivé à destination chacun repartira de son côté après échange d’adresse. Elle achètera, promis,  son prochain livre déjà conçu en partie à partir d’une curieuse histoire de baleine, qu’il peaufinera le temps qu’il faudra car il tient à ce qu’il soit le meilleur de ce qu’il a produit jusque là.  Il le fera éditer à Londres pour qu’elle en soit la première lectrice. Elle lui enverra ses impressions.  Ni l’un ni l’autre n’espère se revoir.

Peu de temps après son retour en Amérique, Herman et sa famille iront s’installer à la campagne dans une belle grande ferme où Nathaniel Hawthorne (rencontré à Londres) sera leur plus proche voisin.  Sa femme et ses enfants y sont heureux. Lui aussi. Il n’en bougera plus. En attendant il s’escrime sur son histoire de baleine… qui a pris des proportions qu’il ne soupçonnait pas.   

Giono semble bien avoir repris le fil de la biographie … pas tout à fait cependant puisqu’il fait retour au souvenir de l’imaginaire dame anglaise.

Herman n’a reçu d’elle qu’une courte lettre.  Elle a entendu parler de la sortie de  White Jacket  mais elle est présentement souffrante, secouée par la toux. Elle termine en lui demandant où en est le livre dont il lui a parlé, s’il va bientôt paraitre …

A-t’il alors un pressentiment ?... Il redouble d’ardeur pour achever Moby Dick avant la fin de l’année comme il lui a promis dans sa réponse.

Véritable « bataille » qu’il aura dû livrer pour accoucher de ce cette longue histoire

Mais enfin çà y est, son livre va paraitre à Londres.  Il l’en a avertie.

Les premières critiques sont tout à fait élogieuses.

Mais les mois passent sans rien venu d’Angleterre…

Hawthorne s’étonne de voir son ami si indifférent aux brillants commentaires parus dans la presse américaine. Un chef d’œuvre clame t’on !  Ne lui avait-il pas dit que la rédaction de « Moby Dick » avait été pour lui comme le combat avec l’Ange dans la Bible (Jacob) ?...

Les années passent …

Son fils a grandi…

Son épouse vient à décéder ...

Il vend sa ferme pour aller habiter New York où il entre au service des Douanes.  Nous sommes en 1857. Il a trente huit ans.

Suivent trente quatre ans de silence total.

Il a maintenant 72 ans. Il est très malade, s’affaiblit de jour en jour, de plus en plus l’« esprit ailleurs » comme dit la nurse qui s’occupe de lui pendant la journée. En arrivant un matin prendre son service la garde de nuit lui annonce : « Ce n’est plus la peine vous savez, il est « passé »,  j’ai déjà prévenu le charpentier. J’ai compris au petit matin que çà ne gazait plus, il se parlait à lui-même. Je lui ai demandé s’il voulait quelque chose mais lui voulait savoir si on n’avait rien reçu d’Angleterre.  Non,  Mister Melville,  je lui ai dit, mais vous en faites pas, dormez tranquille. »

Quand on connait la vie de Giono dont la seule « aventure » hors de chez lui (Manosque et sa région) ne fut autre que la guerre 14 … « homme de la terre » qui de sa vie ne mit le pied sur un bateau, il semblerait qu’il n’ait absolument rien eu en commun avec un Melville mis à part ces coïncidences évoquées ci dessus.  Et pourtant dans toute son œuvre les références à la mer sont constantes et il a écrit des pages étonnantes sur elle.

Est-ce si surprenant doué comme il l’était de cette incroyable capacité d’imagination et de transposition du réel dans son « univers » romanesque.  Giono le « sédentaire » fut un « grand voyageur » à sa manière, un voyageur « à travers l’air » si l’on peut dire … De la même façon qu’il suivait pas à pas, sur des cartes d’Etat major,  les itinéraires imaginaires (mais qu’il voyait vraiment) de ses personnages …

On peut déjà en être convaincu en lisant… au début de « Pour saluer  Melville » : 

 « Avant d’entreprendre la traduction de M.D., ce livre avait été mon compagnon étranger que j’emmenais avec moi dans mes courses à travers les collines.  Ainsi, au moment même où souvent j’abordais ces grandes solitudes ondulées comme la mer mais immobiles, il me suffisait de m’asseoir, le dos contre un pin, de sortir de ma poche ce livre qui déjà clapotait pour sentir se gonfler sous moi et autour la vie multiple des mers. Combien de fois au dessus de ma tête n’ai-je pas entendu siffler les cordages, la terre s’émouvoir sous mes pieds comme la planche d’une baleinière, le tronc du pin gémir et se balancer contre mon dos comme un mat, lourd de voiles ventelantes.  Levant les yeux de ma page, il m’a souvent semblé que M.D. soufflait là bas devant, au-delà de l’écume des oliviers, dans le bouillonnement des grands chênes, tel un nuage blanc à l’horizon. Mais à l’heure où le soir approfondit nos espaces intérieurs cette poursuite dans laquelle Melville m’entrainait devenait plus générale en même temps que plus personnelle.  Le jet imaginaire fusant au milieu des collines pouvait retomber et les eaux illusoires se retirant de mon rêve pouvaient laisser à sec les hautes terres qui me portaient.  Il y a au milieu même de la paix (et par conséquent au milieu même de la guerre) de formidables combats dans lesquels on est seul engagé et dont le tumulte est silence pour le reste du monde.  On n’a plus besoin d’océans terrestres et de monstres valables pour tous ;  on a ses propres océans et ses monstres personnels. »                Plus loin …

«  L’homme a toujours le désir de quelque monstrueux objet.  Et sa vie n’a de valeur que s’il la soumet à cette poursuite.  Souvent il n’a besoin ni d’apparat ni d’appareil ;  il semble être sagement enfermé dans le travail de son jardin mais depuis longtemps il a intérieurement appareillé pour la dangereuse croisière de ses rêves.  Nul ne sait qu’il est parti ;  il semble d’ailleurs être là ; mais il est loin, il hante des mers interdites.  Ce regard qu’il a eu tout à l’heure que vous avez vu, qui manifestement ne pouvait servir à rien dans ce monde-ci traversant la matière des choses sans s’arrêter, c’est qu’il partait d’une vigie de grande hune et qu’il était fait pour scruter des espaces extraordinaires. Tel est le secret des vies qui parfois semblent nous être familières, souvent le secret de notre propre vie.  Le monde n’en connait jamais rien, parfois que la fin, la blancheur d’un naufrage inexplicable dont il ne reste ni trace ni survivants et le grand linceul de la mer se roule et se déroule comme il faisait il y a cinq mille ans. »

Et encore cet extrait d'un petit texte "le voyageur immobile" bien antérieur que Giono, peut être, rédigea au verso d'un bordereau de dépôt dans un "moment creux" à la banque, souvenir de son enfance :

"...
J'ai revu cette vieille épicerie, échouée, toute de guingois dans un coude de la ruelle.
... C'est dans cette épicerie que je venais m'embarquer pour les premiers voyages vers ces pays de derrière l'air.
... Il n'y avait qu'une lampe à pétrole pendue dans un cadran de cuivre.  On semblait être dans la poitrine d'un oiseau : le plafond montait en voûte aiguë dans l'ombre.  La poitrine d'un oiseau ?  Non, la cale d'un navire.  Des sacs de riz, des paquets de sucre, le pot de la moutarde, des marmites à trois pieds, la jarre aux olives, les fromages blancs sur des éclisses, le tonneau aux harengs.  Des morues séchées pendues à une solive jetaient de grandes ombres sur les vitrines à cartonnages où dormait la paisible mercerie  et, en me haussant sur la pointe des pieds, je regardais la belle étiquette du fil au Chinois...
...Alors je m'avançais doucement ; le plancher en latte souple ondulait sous mon pied.  La mer, déjà, portait le navire.  Je relevais le couvercle de la boite au poivre.  L'odeur.  Ah, cette plage aux palmiers avec le Chinois et ses moustaches..."

                                                                                    

 

 

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22 février 2008 5 22 /02 /février /2008 19:05

L'ami GIONO ...
Comme pour Balzac ou Victor HUGO,  il ne suffit pas d’avoir lu deux trois bouquins de Jean GIONO pour avoir ne serait-ce qu’une idée de son oeuvre et, à travers elle, du " bonhomme".  Elle  égale en importance celle des deux précédents et, comme chez eux, joue sur plusieurs registres.  Alors, pour simplifier, on a voulu classer sa production en « première » et « seconde manière », les livres  consacrées à l'exaltation lyrique de la  Nature plus particulièrement d'une part,  les autres à caractère psychologique d'autre part dénotant une évolution chez le créateur.  Or ce n’est pas exact puisque Giono qui avait toujours deux ou trois fers au feu changeait précisément de genre comme une façon de se « délasser » de son sujet en cours, le laissant « mijoter » un peu,  en s’occupant d’un autre.  Tandis qu’il écrivait ses romans « paysans » il préparait déjà « le grand troupeau » et « le hussard sur le toit ».  C’est le fait d’avoir été révélé au public par « Colline »  puis « Un de Beaumugne » et « Regain »  qui a fait illusion.  En fait sommeillaient déjà dans ses tiroirs « Naissance de l’Odyssée », « Angiolina » et « Présentation de Pan » d’un style très différent.  Du jour où il décida de quitter la banque  (en 1929, à 34 ans et après 18 ans de services) pour vivre de sa plume, tout s’organisa ainsi remarquablement dans sa tête, s’aidant d’une multitude de petits carnets sur lesquels il engrangeait au fur et à mesure des éléments pour ses œuvres à venir (observations, réflexions, notes de lectures) ceci allié à une grande facilité à rédiger, de sorte qu’il ne connut jamais la hantise de la page blanche. Tel un bon « artisan » - terme qu’il préférait à celui d’ « écrivain » en souvenir de son père, cordonnier à Manosque - il abattait ses cinq pages quotidiennes d’une écriture serrée, presque sans ratures. Réglé comme du papier à musique pourrait-on dire. Mais écrire était aussi son plaisir ne l'oublions pas et il y consacra joyeusement toute sa vie.  Son œuvre est immense et sous entend un énorme travail de documentation, de recherche sur les sujets extrêmement variés qu’elle a abordés.  Giono fut depuis son plus jeune âge un lecteur boulimique doué de surcroît d'une excellente mémoire ce qui lui permit de suppléer à une scolarité interrompue en classe de seconde au lycée de Manosque, décision venant de lui afin de pouvoir aider ses parents financièrement, le père de Jean (Jean Antoine) alors âgé de 66 ans ayant été victime d'une attaque cardiaque dont il se remit mais en resta diminué.  Il devait mourir neuf ans plus tard sans avoir eu le temps d'assister au mariage de son fils à 25 ans avec Elise Maurin, manosquine de deux ans plus jeune, qu'il connaissait depuis qu'il était au lycée (elle interne à Aix) et qui fut sa "marraine de guerre".  L'éventail de son oeuvre va de la poésie des débuts au roman, passant par les chroniques, nouvelles, contes, sujets historiques, théâtre, scénarios de ses films, traduction de Moby Dick (en collaboration avec son ami Lucien Jacques et Joan Smith), multiples articles pour revues, préfaces, ... et jusqu’à des comptes rendus d’audience dans l’affaire Dominici (1954) à laquelle il avait assisté avec Armand Salacrou.  Autant  dire  qu’il avait plus d’une corde à son arc d’homme de plume !…

Le théâtre dont je voudrais dire un mot à présent n’occupe pas une place majeure dans l’ensemble de l’œuvre gionienne.  C’est en 1931 qu’il s’y frotte un peu dans « le bout de la route »  (1) que Gallimard montra à Louis Jouvet qui aurait trouvé la pièce très bonne.  Puis ce furent  « les lanceurs de graines » (jamais joué) qui plut pourtant à Jacques Copeau directeur du théâtre du Vieux Colombier.  En 1943, en pleine occupation, il sortit  « le voyage en calèche » (2) qui fut interdit de représentation par la censure allemande sous prétexte que le personnage principal était un résistant.  Giono ne reviendra au théâtre que dans les années cinquante avec « Joseph à Dothan » et « Domitien » (l’empereur romain).  Et c’est tout. La genèse de « Joseph à Dothan » est curieuse et mérite d’être racontée. En 1951, Giono avait été contacté par l’attaché culturel de l’ambassade des Pays Bas à Paris pour une proposition assez inattendue : comme la reine Juliana devait venir l’année suivante en France en visite officielle et qu’il était prévue une représentation au théâtre antique d’Orange (Vaucluse), il fallait que ce soit une œuvre hollandaise ; on avait pensé à lui pour une adaptation en français de la tragédie biblique de Joost Van den Vondel « Joseph in Dothan » (1640).  Pourquoi lui ... qui ne connaissait pas un mot de néerlandais évidemment ?... Peut être parce qu’il avait déjà participé à la traduction de « Moby Dick » ?... et avoir revisité Homère (in « Naissance de l’Odyssée »)  Peut être aussi parce qu’il était « du Midi » ?... Même s’il était alors un écrivain connu et reconnu, il n’était pas pour autant spécialisé dans le théâtre… De son propre aveu, il aurait refusé si l’offre n’avait été matériellement très avantageuse. Il va donc s’y « coller » en commençant par lire la pièce dans une traduction qu’on lui a préparé tout exprès car il n’en existe pas en librairie. Pourtant, tout comme chez nous on parle de la « langue de Molière », « la langue de Shakespeare » pour les Anglais, les hollandais disent chez eux « la langue de Vondel » car il est considéré comme le fondateur de la langue et du théâtre classique hollandais. 

Joost Van den Vondel naquit à Cologne en 1587 (23 ans après Shakespeare, 35 ans avant Molière) de parents anabaptistes originaires d’Anvers. [Comme en néerlandais, vondel signifie petit pont ou passerelle,  on pourrait donc dire Monsieur de Dupont …] Pour des raisons religieuses ceux-ci durent quitter l’Allemagne pour se réfugier à Utrecht puis à Amsterdam où ils ouvrirent un commerce de soieries.  Marié à 23 ans à Mayken de Wolff, Joost eut quatre enfants dont deux morts en bas âge.  Après la mort de son père il prit en main le commerce familial mais auparavant il avait appris le latin et fréquentait le grand poète de l’époque Roemer Visscher.  Vers 1641, après le décès de son épouse, il se convertit au catholicisme (peut être en vue de se remarier avec une veuve de cette confession ?...) tout en se faisant l’avocat de la tolérance religieuse si bien qu’il mourût lui-même dans l’ostracisme.

Il est l’auteur de nombreuses pièces de théâtre dont plusieurs d’inspiration biblique, ainsi de Joseph dans « Joseph à Dothan » et «  Joseph en Egypte »,  de David,  de Salomon.  Son « Lucifer » aurait dit on inspiré John Milton (de vingt ans plus jeune) dans son « Paradise lost ».

« Joseph à Dothan » met en scène outre le jeune Joseph,  4 de ses frères seulement, le chef caravanier ismaélite et un chœur d’anges.  La pièce débute au moment où Joseph est envoyé par son père Jacob à Sichem prendre nouvelles de ses troupeaux qui y paissent.  Or ils n’y trouvent pas ses frères et erre en vain quand il rencontre un homme qui a entendu dire qu’ils étaient partis avec les bêtes du côté de Dothan (ou Dothaïn).  Le voyant arriver de loin et seul, ses frères qui sont jaloux de lui projettent de le tuer mais Ruben s’interpose et propose plutôt de le jeter au fond d’une vieille citerne (ceci dans le dessein de revenir plus tard le tirer de là pour le rendre à son père).  Mais profitant d’une brève absence de Ruben, Juda propose à son tour de le vendre à une caravane d’ismaélites venant à passer et se rendant en Egypte.  A son retour au camp et  apprenant la nouvelle alors que la caravane est déjà loin, Ruben déchire ses vêtements de désespoir.


Les pièces de Joost Van den Vondel sont bien  "en ligne" sur internet mais malheureusement  dans le texte.   
En revanche l’adaptation en français de Giono ne se trouve pas dans ses œuvres complètes chez «la Pléïade» bien qu'elle ait été publiée en même temps que sa pièce « Domitien » chez Gallimard.

                                                                                            

(1)     La première représentation eut lieu le 30 mai 1941 au théâtre des Noctambules avec Alain Cuny, Sarah et Claire Clèves dans les rôles principaux.

(2)     24 Décembre 1943, la création du « Voyage en calèche » au théâtre des Ambassadeur est décidée mais interdite par la censure allemande.  Ce n’est que le 15 Décembre 1965 qu’aura lieu la première représentation sous le titre de « la calèche » au théâtre Sarah Bernhard dans une mise en scène de Jean Pierre Grenier avec Maria Mauban, Pierre Vaneck et Claude Brasseur dans les rôles principaux

 

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