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22 avril 2021 4 22 /04 /avril /2021 10:57

J'ai consacré un long article blog à Thomas BECKET et ses relations difficiles avec le roi Henry II Plantagenet en tant qu'archevêque de Cantorbery .

Trois siècles et demi plus tard, un autre Thomas, Thomas MORE, occupa également une place éminente sous le règne d'Henry VIII d'Angleterre.

Leur vie à tous les deux comporte de grandes similitudes et principalement ceci :

Très jeunes, ils se révélèrent déjà comme des êtres exceptionnels, moralement et intellectuellement.

Ils furent remarqués l'un et l'autre par leur souverain qui les éleva au plus haut rang, celui de Chancelier d'Angleterre. 

Mais, l'un comme l'autre, se trouvèrent en butte avec leur souverain sur une question de religion ce qui devait leur coûter la vie (l'un assassiné, l'autre décapité)

L'un et l'autre furent canonisés comme martyrs par l'Eglise Catholique. 

En revanche ils diffèrent sur les points suivants :

Thomas More resta un laïc, il se maria et eut des enfants alors que Becket resta célibataire et vécut la deuxième partie de sa vie en écclésiastique.  

Becket n'a pas laissé d'écrits notoires en dehors de textes législatifs, juridiques et quelques sermons de circonstance alors que Thomas More a laissé de nombreux essais politiques, sociaux, de spiritualité et surtout sa célèbre Utopia.   

                                             ***

Tout le monde connait le mot utopie,  or c'est Thomas MORE qui en est à l'origine avec le titre de son oeuvre philosophique majeure : Utopia, nom d'une île imaginaire où vit une société idéale,  livre par excellence de la Renaissance au même titre que l'éloge de la folie d'Erasme dont il était le contemporain. 

Comme Thomas Becket, Thomas More naquit à Londres dans le quartier marchand de Cheapside, le 17 février 1478,  fils d'un homme de loi de haut rang (bon sang ne saurait mentir, il deviendra lui-même et comme Becket, un excellent juriste).

Après ses études au collège Saint Antoine de Londres, son père l'envoya comme page dans la maison du chancelier d'Angleterre et archevêque de Cantorbéry John Morton qui développa son instruction pressentant en lui un destin exceptionnel.  

Il acheva ses études à Oxford où il se fit remarquer par son intelligence et son érudition, la séduction qu'il exerçait aussi.  Sa renommée atteignit Erasme sur lequel il fit grosse impression.

Après ses études de Droit, il s'inscrivit au barreau et fut élu au Parlement en 1504, à vingt six ans. 

En 1508, encore sous le règne d'Henry VII, en tant que membre du Parlement, il se permit de critiquer assez vigoureusement certaines taxes levées au nom du roi pour financer la guerre d'Ecosse, ce qui lui attira des ennuis.  Son père fut emprisonné et lui-même dût se retirer en France.  Il rentra en Angleterre l'année suivante à l'avènement du nouveau roi, Henry VIII.   

A vingt sept ans il épousa Jane Colte qui devait mourir prématurément six ans plus tard après avoir donné naissance à quatre enfants.  Ils vécurent paisiblement à Chelsea où ils reçurent Erasme chez eux et c'est sous leur toit que celui-ci aurait commencé son "éloge de la folie". Thomas et Erasme visitèrent ensemble les universités de Paris et de Louvain. 

En 1511 il se remaria avec une veuve, Mrs Alice Middleton, plus âgée que lui.

Sa fille aînée, Margaret, Dame Roper, fut une érudite qui traduisit des oeuvres d'Erasme. 

Jusque dans les années 1510, Thomas More partagea son temps entre ses fonctions officielles de député de la ville de Londre et à la Chambre des Communes et la clientèle qu'il s'était constituée en tant qu'avocat des marchands de la City .  Puis il servit comme sous-shérif et juge municipal de Londres. 

Ces hautes fonctions le firent entrer dans la sphère royale, d'abord auprès du puissant cardinal Thomas Wolsey  (qu'il devait  remplacer plus tard en tant que Chancelier) comme administrateur de ses biens, puis nommé au conseil privé du Roi.

En 1515, l'année de Marignan, il sera envoyé en mission diplomatique aux Pays Bas où il rédigera son Utopia

Puis il fut nommé Trésorier de la Couronne et élu speaker au Parlement un poste qu'au demeurant il ne désirait pas.

Il s'engagea dans la polémique religieuse contre les thèses de Luther mandaté par son ami l'évêque  Cuthbert Tunstall.

Il fit partie de la délégation qui en 1519 négocia la paix avec l'Espagne.
L'année suivante, suite à la disgrâce du cardinal Wolsey auprès du roi Henry VIII, il accèda à la plus haute charge de Chancelier du Royaume, premier à l'être en tant que laïc.

A ce titre, il fit emprisonner une quarantaine de personnes soupçonnées d'être acquises aux idées de Luther et fit appliquer la sentence du bûcher  sur Richard Bayfield, un moine protestant.

L'épouse royale Catherine d'Aragon n'ayant pu donner d'héritier mâle après sept grossesses infructueuses, à l'exception d'une fille qui survivra et deviendra la Reine Marie Ière Tudor, dite la sanglante, Henry VIII voulut épouser sa maitresse, Anne Boleyne, et demanda au pape Clément VII l'annulation de son mariage, lequel refusa. 

Ce qui allait entrainer la rupture de l'Eglise d'Angleterre avec Rome et la rédaction par  Henry VIII  de l'Acte de suprématie par lequel le Roi était fait chef unique et suprême de l'Eglise en Angleterre, début de l'anglicanisme.  

Or Thomas More, par fidélité au Pape, avait refusé de signer une lettre de dirigeants religieux et d'aristocrates appuyant la demande d'annulation du mariage d'Henry VIII. Il voulut alors démissionner mais fut contraint de prêter serment au roi comme chef suprême de l'Eglise ce qu'il fit mais en ajoutant la mention : "Autant que le Christ l'autorise" ( ce qui rappelle étrangement le after God de Thomas Becket) 

Se prétendant malade, il obtint du roi d'être relevé de ses fonctions.

Mais il refusa d'assister au couronnement d'Anne Boleyn le 1er Juin 1533. Une double insulte envers le roi et la nouvelle reine qui allait précipiter sa perte.

Certaines accusations plus ou moins fondées commencèrent à le mettre en cause, mais faute de preuves n'aboutirent pas. 

Il aggrava encore son cas le 13 avril 1534 quand il fut convoqué devant une commission pour jurer allégeance à l'Acte de succession du Parlement.  Il reconnut le droit d'Anne Boleyn d'être légitime reine d'Angleterre mais refusa de prêter serment à cause d'une mention selon laquelle l'autorité en matière religieuse revenait au Parlement, la déniant au Pape.  

C'était signer son arrêt de mort et on ne peut ici que repenser à l'attitude de Thomas Becket face à Henry II.

Quatre jours plus tard il fut emprisonné à la Tour de Londres.  

Présenté devant ses juges, il fut accusé de haute trahison.  Mais il ne chercha pas à se défendre se contentant de cette réflexion à l'annonce de la sentence : "qu'aucun homme temporel ne peut être à la tête de la spiritualité " en clair que le Roi lui même ne peut être chef de l'Eglise.

Condamné à être pendu, éviscéré et écartelé (sic), Henry VIII daigna cependant commuer la sentence en décapitation. 

L'exécution eut lieu le 6 juillet 1535 sur l'échafaud de Tower Hill.  Avant de mourir il déclara : je meurs en bon serviteur du Roi mais de Dieu en premier.

Sa tête fut exhibée au bout d'une pique sur le Pont de Londres et son corps enterré anonymement dans la chapelle royale Saint Pierre aux liens de la Tour de Londres.

Sa fille aînée, Margaret (épouse Roper) en soudoyant un garde put se faire rendre la tête de son père qui devait être jetée dans la Tamise au bout d'un an.  Elle la conserva dans des aromates jusqu'à sa mort et à sa demande elle fut enterrée avec elle à Cantorbéry. 

A noter que sur un obélisque au pied du Kremlin de Moscou, le nom de Thomas More figure parmi les précurseurs du socialisme de par ses idées développées dans son Utopia.  Ce qui reste à voir et on le verra plus loin.  

Thomas More fut béatifié par Léon XIII, puis canonisé par Pie XI. 

Jean Paul II en l'an 2000 le nomma saint patron des responsables de gouvernements et hommes politiques.

 

                              ***

 

Si, à grands traits, la destinée de ces deux éminents personnages de l'Histoire d'Angleterre, Thoma Becket et Thomas More, se ressemble déjà comme nous l'avons vu au début, cette ressemblance est encore plus frappante si on creuse un peu plus.  

Une étude quasi-psychiatrique de la personnalité de Thomas More a été faite par Marie-Laure SUSINI, médecin-psychiatre, professeur et auteure d'essais, intitulée "Reconstitution d'un souvenir de Thomas More" et nous en apprend beaucoup.

Déjà à leur naissance (mais à trois siècles et demi de distance) ils virent le jour dans une maison voisine l'une de l'autre, du même quartier de Londres (Cheapside) et d'une famille de riches marchands de la City. Le père de Thomas Becket en était un, celui de Thomas More aussi, indirectement, car il était juriste attitré traitant des différends pouvant s'élever entre marchands.

Leur éducation fut à peu près la même dans un cadre religieux catholique d'abord puis universitaire avec notamment l'étude du Droit. Inscrit au barreau dès l'âge de vingt et un ans, Thomas More devint lui-même avocat des marchands de la City.

Il semble qu'à ce stade de sa vie, Thomas More ait connu une crise religieuse, ait fait une retraite dans une chartreuse et ait eu une velléité d'entrer dans les ordres, mais le fait de devoir rester célibataire le rebuta. Et il devait finalement se marier en 1505 à vingt sept ans.

Ceci à l'encontre de Thomas Becket qui lui semble ne jamais avoir envisagé le mariage  ni une carrière civile.

L'entrée en politique de Thomas More se situe à cette époque là, 1504/1505, encore sous le règne de Henry VII, où il fut nommé membre du Parlement et ce fut pour y faire un esclandre s'insurgeant contre le détournement d'une levée de taxes pour financer la guerre d'Ecosse.  C'était mal commencer mais celà révèle en même temps le fort caractère du personnage.  Celà lui valut un bref exil en France auquel mit fin l'avènement de Henry VIII. Et ce fut avec lui que débuta sa brillante carrière qui dura vingt cinq ans.

Nommé  administrateur des biens du puissant archevêque de Cantorbéry et Chancelier d'Angleterre William Wolsey auquel il devait succéder à sa mort, Thomas More tout en évoluant dans les hautes sphères du Royaume, envoyé en embassade en France, en Belgique, aux Pays Bas, semble avoir mené néanmoins une vie de famille paisible, assidue et attentive à l'éducation des enfants, dans une aisance certaine mais nullement ostentatoire. 

Becket fut d'abord grand amateur de luxe tant qu'il fut proche du roi mais davantage par jeu que par goût véritablement et, dès lors qu'il fut archevêque, il se complut dans l'ascetisme, un peu comme un défi. 

En dépit de son aspect sévère sur le tableau de Holbein, Thomas More savait être de joyeuse humeur, se montrant même facétieux, jusqu'à l'échafaud. 

Très fervent catholique, il fallut cette affaire de divorce d'Henry VIII pour l'opposer à lui comme ce fut le cas pour Becket après que le roi ait tenu à le nommer archevêque de Cantorbéry.

Pour l'un et l'autre, ce fut le tournant.

Avec le fort caractère qu'ils avaient en commun, ça ne pouvait que tourner mal avec le roi. 

Becket, il faut dire, usa et abusa de la patience d'Henry II sur la suprématie de l'Eglise sur celle du Roi s'agissant des affaires de l'Eglise.  Il n'accepta aucun compromis sachant qu'il finirait par encourir sa condamnation.  Pourtant Henry II ne la prononça jamais ouvertement mais par allusion (volontairement ou pas ?)  : "qui pourra me débarrasser de cet homme-là ! " paroles prononcées devant des chevaliers qui détestaient Becket et les prirent au pied de la lettre. 

Dans le cas de Thomas More ce fut différent.  Celui-ci ne voulait pas désobéir au Pape en prêtant serment contre sa décision de refuser le divorce d'Henry VIII quoi qu'il lui en coûta car ses rapports avec le roi étaient excellents. Aussi chercha-t'il à se retirer de l'affaire en demandant sa démission de Chancelier mais ce faisant c'était un affront au roi et à la nouvelle reine Anne Boleyn outre le fait de ne pas avoir  assisté au mariage. 

Il faut croire que, comme pour Becket, il était bien conscient de ce qui allait lui arriver. 

Y étant préparé, il accepta son sort avec sérénité, en témoignent ses écrits de prison et c'est presque avec humour qu'il monta sur l'échafaud en s'adressant en ces termes au bourreau : " Je vous en prie, aidez moi à monter, pour descendre je me débrouillerai."

Marie-Laure Susini dans son étude sur Thomas More ayant relevé les contradictions du personnage et sa similitude avec Thomas Becket nous explique qu'elles sont dûes selon elle à un souvenir d'enfance refoulé.  Souvenir qu'elle "reconstitue" en quelque sorte. Nous avons vu que More était né à deux pas de la maison natale de Becket qui,  après qu'il fut béatifié, était devenue un lieu de vénération populaire.  Un jour que More encore très jeune était sorti en compagnie de son père et avait croisé une file de pélerins chantant et priant devant la maison de Becket, il lui avait demandé pourquoi.  Et le père de lui répondre que là était né et avait grandi un enfant comme lui qui, plus tard, devint Chancelier d'Angleterre et mourut saint martyr à Cantorbéry et depuis vénéré dans toute l'Angleterre.  Il s'appelait Thomas comme lui et c'est même à cause de lui qu'on lui avait donné ce prénom.

Ce qui aurait frappé l'enfant au point qu'il fasse à son père cette réflexion : quand je serai grand je serai Chancelier et archevêque de Cantorbéry

Le point de rupture de Thomas More d'avec Henry VIII avait été le refus d'obéissance au Pape du souverain d'Angleterre à propos de son divorce et le schisme qui s'ensuivit.

Tout comme l'avait été celle de Becket d'avec Henry II.

Thomas More qui était fervent catholique se serait souvenu de ce qu'il avait dit à son père enfant et dès lors voulut entrer dans les pas de Becket.  Autrement dit d'aller au martyr. 

En quelque sorte une "réincarnation" de Thomas Becket. 

D'où le refus de Thomas More d'écouter ses amis l'implorant d'être plus raisonnable, et à commencer par Erasme qui déplorait qu'il se compromette dans cette affaire de divorce.

Rien n'y fit.  

Et l'on peut se demander si cette conduite si courageuse n'était pas secrètement dictée par un grand orgueil, celle de Dieu tel qu'il apparait dans la pièce de Jean Anouilh (déjà auteur de Becket ou l'honneur de Dieu) dans Thomas More ou l'homme libre, qui va complètement dans ce sens :

Le Roi :

Mon union avec Catherine était devenue une impossibilité politique.  Laide ou belle, elle était bréhaigne, et le Pape le savait. Et tout le monde sait combien il a touché de l'Empereur  (Charles Quint, oncle de Catherine) pour me dire non !  Alors, c'était ça qu'il fallait que je respecte ?  Ce vieil intrigant sur son tas d'or !

C'est pour çà que More va mourir ?

Anne :

Non, Henry, More mourra pour lui-même.

Le Roi :

Un seul homme, il suffit d'un seul homme ! Et même si je lui fais son procès et lui coupe la tête il m'aura éternellement dit non !

Mais qu'est-ce que c'est à la fin que cette puissance sans armes qui se dresse seule contre tout ?

Anne :

L'orgueil des justes.

Le roi :

Il n'y a pas de place pour deux orgueils en Angleterre. Et Dieu voulut que ce soit moi le roi.

 

En comparant les deux cas, on ne peut nier qu'il y ait eu bien des intrigues pour en arriver là et d'être tenté de penser que l'honneur de Dieu ne fut peut-être qu'un prétexte. La papauté à l'époque était loin d'être irréprochable, alors qu'il y avait deux papes, l'un à Rome l'autre à Avignon et que les intrigues avec la royauté étaient de notoriété.  

Au fond, la vraie nature de Becket comme celle de Thomas More reste impénétrable. 

                                     ***

Utopie :

du grec Oùtopos, endroit de nulle part, latinisé en Utopia.

Ce terme si souvent et universellement employé a été inventé comme nous l'avons vu en 1516 par l'humaniste anglais Thomas MORE pour désigner l' "île d'Utopie" (insula Utopia) où il situe sa société imaginaire.

Le titre exact de son ouvrage écrit en Latin et qui eut un grand retentissement à son époque est de optimo reipublicae statu, deque nova insula Utopia, qui se traduit par : la meilleure forme de communauté politique et la nouvelle île d'Utopie.

Meilleure forme de communauté politique ?...

Tout un programme.

L'humanité est depuis fort longtemps à sa recherche  et, cinq siècles après Thomas More, nous constatons que nos socités ne l'ont toujours pas trouvée. 

Pire, toutes les améliorations que le progrès technique et social a apportées dans les conditions de vie et qui sont considérables n'ont fait qu'accentuer partout les disparités et les antagonismes sociaux comme nous sommes bien obligés de le constater aujourd'hui.

Toutes proportions gardées, progrès et pauvreté semblent bien aller de pair comme le constatait l'économiste américain Henry GEORGE.

Qui plus est, il semble que se fasse  jour aujourd'hui une espèce de perversion des mentalités, voire du raisonnement.  Ce que nous appelions le "bon sens", le "sens commun" notion qu'on disait la mieux partagée au monde ne se retrouve plus guère dans les débats actuels qui tournent trop souvent à la polémique virulente ce qui n'apporte rien finalement que la confusion et la violence.

De la discussion jaillit la lumière disait-on.  D'une discussion franche, non partisane ou sectaire, certes oui.  En sommes nous si sûr aujourd'hui ? Le sommes-nous davantage de ce que l'on considérait comme fondamental en démocratie : l'intérêt général objectif premier des dirigeants aujourd'hui trop souvent oublié pour satisfaire des intérêts particuliers, corporatistes, électoraux qui vont à l'encontre.  Or celui-ci exige parfois, souvent même, que l'on sacrifie tant soit peu l'intérêt individuel, la liberté individuel.  Mais qu'entend-on aujourd'hui de toutes parts : pas touche ma liberté !  sinon on descend dans la rue pour manifester ce qu'on a d'ailleurs érigé en droit "souverain".  Belle erreur ! si bien que les politiques, les décideurs, marchent sur des oeufs et tout leur "art" pour se maintenir en place consiste à ne pas froisser l'opinion, carresser dans le sens du poil, moyennant quoi on ne progresse pas.  

La démocratie, ce n'est pas ça du tout. 

L'élection des représentants, apanage de la démocratie,  ne représente plus grand chose si, à peine élus, ceux-ci sont contestés pour peu que leur programme sensé avoir été approuvé par le vote entraine des mesures contraignantes.  

Voter pour un programme sérieux, réaliste valait mieux que voter pour un homme pensait-on, à condition que l'effort réclamé pour le bien de tous soit accepté par chacun

Or tel n'est pas le cas.  On le voit bien. 

L'autorité partout est en crise.  Faire acte d'autorité (quand il le faut) est jugé dictatorial.

Le refus de toute autorité mène à l'anarchie et l'anarchie mène à la tyrannie.

Pensons-y !

                                              ***

Le mot utopie a été repris pour désigner certains économistes qui voulurent proposer une autre économie, une autre société : tels furent parmi d'autres Quesnay, Proud'hon, Saint-Simon, Henry George

Concernant ce dernier, américain du XIXème siècle, je renvoie aux deux articles que je lui ai consacrés sur Latitude Sud over-blog notamment sur son ouvrage majeur "Progrès et Pauvreté". 

Le premier d'entre eux fut donc Thomas More, inventeur du terme mais voyons quelles furent ses idées en la matière.

L'ouvrage est partagé en deux parties :

- la première est un dialogue imaginaire entre Thomas More et Raphaël Hythlodée, un marin portugais rencontré à l'occasion d'une mission diplomatique à Anvers (qui d'ailleurs eut lieu réellement) faisant la critique du monde chrétien du XVIème siècle : ambitions des princes, guerres, vie à la Cour, lois injustes, pauvreté.  

- La seconde partie est un monologue d'Hythlodée décrivant la vie des habitants d'une île imaginaire appelée Utopia (nulle part en grec).  Cette société ignore la propriété privée (ce qui fait que les communistes soviétiques voulurent voir en Thomas More un précurseur et le citèrent sur la fameuse stèle).

Les hommes y sont égaux, les femmes traitées de la même façon qu'eux, les familles vivent au sein de clans dirigés par le plus ancien à moins que frappé de sénilité.  

Utopia compte 54 villes, chacune administrée par un conseil élu, tandis qu'un sénat de 162 membres qui se réunit chaque année dans la capitale (Amaurote) dirige l'île. 

Les différends politiques sont réglés par discussion publique. 

L'agriculture est l'activité de base.

Pas de religion particulière mais nul ne peut être persécuté pour motif religieux.

Un état laïc donc basé sur la raison et la philosophie, ce qui surprend de la part de More particulièrement catholique.

Cette tolérance prôné dans son livre il n'en fit d'ailleurs lui-même pas particulièrement preuve nous l'avons vu vis à vis des Protestants.

Peut-on réellement parler de société nouvelle, plutôt d'un certain état d'esprit divergeant des idées de l'époque. 

De là à ajouter son nom sur la stèle du Kremlin, ça ressemble plutôt à de la  récupération historique.  

  

 

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