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9 mai 2020 6 09 /05 /mai /2020 09:56

 

Avec son roman "le Passage" parue en 1999, Valéry Giscard d'Estaing a tiré de l'oubli un poète contemporain de "la Pleïade", Vauquelin de la Fresnay, qui à ses dires lui en aurait inspiré le sujet.

 

Il s'agit d'un court poème que voici :

 

Amour, tais-toi, mais prends ton arc ;
Car ma biche belle et sauvage,
Soir et matin, sortant du parc,
Passe toujours par ce passage.

Voici sa piste, ô la voilà !
Droit à son cœur dresse ta « vire »,

Et ne faux point ce beau coup-la,
Afin qu'elle n'en puisse rire.

Hélas ! qu'aveugle tu es bien !
Cruel, tu m'as frappé pour elle.
Libre elle fuit, elle n'a rien ;
Mais las ! ma blessure est mortelle.

 

Qui était-il ?

 

Né vers 1536 dans l'Orne à Fresnay-au-Sauvage, de Jean VAUQUELIN (mort en 1545 à trente ans), lieutenant de gens d'armes, appartenant à une noble famille normande qui selon lui même remontait à Guillaume le Conquérant, et de Barbe de BOISLICHAUSSE.

 

Il fit d'abord ses études à Paris puis son droit à Poitiers et Bourges et c'est de cette époque que datent ses premières poésies "Les Foresteries" (1555) à dix-neuf ans. 

(Voir in fine poème "au fleuve Alphée")

 

Il semble avoir menée une vie fort dissipée avant de se marier en 1560 à Anne de BOURGUEVILLE dont il eut neuf enfants non sans avoir été nommé l'année précédente  avocat au bailliage de Caen où son  beau-père était lieutenant-général.

 

De cette époque datent ses "Idillies" dont l'inspiratrice n'est autre que son épouse.

 

Mais la France vivait à l'heure des guerres de religion, elle en était à la cinquième et il devait provisoirement quitter la magistrature pour l'armée y devenant commissaire des vivres aux sièges de Domfront et de Saint Lô où il aurait été blessé sous les ordres du gouverneur de Normandie Matignon. 

 

Passant d'Henri III à Henri IV mais ayant adopté une position modérée, notamment en refusant la Ligue tout en restant catholique, il revint à la magistrature en devenant sous ce dernier roi Président du Tribunal d'appel du bailliage de Caen. 

 

Par ailleurs, c'était un gentilhomme campagnard, épris de la Nature et des travaux des champs auxquels il lui arrivait de participer.

 

Son inspiration et sa vocation poétiques lui était venu très tôt du mouvement de la Pléïade, surtout Ronsard.

 

Elle s'était d'abord manifestée avec ses "Foresteries" précitées, œuvre de jeunesse, premiers recueils de bucoliques françaises en fait.  

 

Puis ce furent  les "Idillies" .

 

Mais il fut aussi l'auteur de sonnets à caractères politiques et religieux, d’épîtres, de satyres et d'un "Art poétique" en vers publié en 1605.

 

Il mourut à Caen en 1607 âgé d'environ 70 ans.

 

Il avait été l'ami de deux autres poètes tout autant méconnus aujourd'hui :

 

Scévole de Sainte-Marthe issu d'une grande famille qui fut aussi administrateur et maire de Poitiers puis trésorier de France.  Il était apprécié de Ronsart.

 

Jacques Tahureau, natif du Mans, qui mourut à vingt huit ans, compagnon de jeunesse et de frasques de Jean Vauquelin, auteur essentiellement de poèmes d'amour. De nombreux poèmes de Vauquelin lui sont dédiés.

 

A  C. TOUTIN (Charles Toutain de la Mazurie  est un poète français de la Renaissance, né en 1501 et décédé en 1564 )

Au fleuve Alphée 

(fleuve du Péloponnèse que les anciens Grecs vénéraient comme un dieu-fleuve )

Si ton eau retentit la Greque mélodie,

Qui dans Sicile peut les forets embellir,

Alphée soumarin, dont encor orguillir

Là naissant on te voit sus ta source hardie.

Vien, sans mêler ton eau, tirant de Lombardie

Le Mince Mantuan, Sebete recuillir :

Et tout rac souterrain de tes bras démollir,

Pour voir en Occident naissante une Arcadie :

D'autant que de cêtui, la musete dit mieus

Que l'Attic flageolet, que dessus l'Aretuse

Prit, davant Sannazar, la Mantuane Muse :

Plus qu'a ces deus leurs eaus, leurs Ninfes & leurs Dieus,

Et plus qu'a Théocrit Doris &  Syracuse,

Avec Orne lui doit sa MIRTINE aus vers ïeus.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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